Thursday, June 8, 2023

Barbie en mission

 



Pour les fins de cette chronique, Barbie est Caroline Proulx, ministre du Tourisme du Québec. On jugera propos sexiste et machiste, mais je ne peux voir Mme Proulx aux informations ou en photographies dans la presse écrite autrement qu’en imaginant la célèbre poupée créée par Mattel; même blondeur et même manucure soigneusement entretenue. Ceux qui croyaient notre ministre du Tourisme absorbée par la relance postpandémique de notre industrie touristique sont dans l’erreur. Les apparences peuvent être trompeuses, la blonde ministre a des convictions et elle compte bien les défendre, n’hésitant pas à utiliser ses prérogatives ministérielles pour le faire: «La ministre du tourisme, Caroline Proulx, a exigé l’annulation d’un évènement intitulé «Rallye, foi, feu liberté»qui devait se tenir à la fin du mois au Centre des congrès de Québec. 
 

 
 
Selon son cabinet, la tenue de l’activité créait un«grand malaise. L’évènement était prévu du 23 juin au 2 juillet. Le promoteur, Harvest ministries International, basé à Kelowna en Colombie-Britannique, prévoyait accueillir 1000 personnes par jour.  Le site Internet du groupe fait la promotion l’évènement sous le vocable «Battle for Canada- Préparons la voie»[…]Un onglet renvoie à un autre site intitulé «Muraille de feu», ou  l’on énumère les valeurs défendues. Parmi celles-ci, une mobilisation pour mettre fin à l’avortement. Cette mesure «a fait de l’utérus l’endroit le plus dangereux pour un enfant au Canada», est-il écrit. […]. Informée de la tenue de l’évènement, la ministre Proulx a conclu qu’il n’était le bienvenue dans une institution gouvernementale. «Notre gouvernement est résolument pro-choix. Et c’est un sujet qui fait largement consensus au Québec», nous a écrit son cabinet dans un échange de courriels. 
 

 
 
Le Centre des congrès, une société d’État, annulera l’activité, dont le contrat avait été signée février. «La liberté d’expression, c’est la règle. Dans ce cas-là, comme société d’État, on pense que c’est notre rôle d’adhérer à certaines valeurs dont le gouvernement fait la promotion», a affirmé en entrevue le PDG du Centre des congrès, Pierre-Michel Bouchard. Selon lui, il n’y a pas moyen de vérifier le contenu des activités. Il se défend de ne pas avoir bien évalué la portée de l’évènement. «On loue des murs et on loue des facilités. Au fur et à mesure que ça se précise, on réagit. On ne passe pas notre temps dans les salles»nous a-t-il dit» (Pierre-Michel Bouchard «loue des murs», il fut un temps ou un dénommé Ponce Pilate préférait se laver les mains, NDA) (La ministre Proulx force l’annulation d’un évènement anti-avortement à Québec, Radio-Canada, 2 juin). L’argumentaire de Pierre-Michel Bouchard n’a pas convaincu le chroniqueur Mathieu Bock-Côté (MBC) pour qui l’affaire relève bien de la liberté d’expression, «On apprenait vendredi que la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, a décidé d’interdire la tenue d’un colloque au Centre des congrès qui appartient au gouvernement . La raison: «ce colloque était organisé par une association militant contre l’avortement. La ministre , jugeant cela intolérable, a décidé de frapper l’évènement d’interdit. Je le dirais d’un mot: cette décision est autoritaire et scandaleuse. Comprenons-nous bien: il ne s’agit pas ici d’être favorable ou non à l’avortement. Comme l’immense majorité des Québécois, je ne souhaite aucunement rouvrir ce débat (contrairement à MBC, je ne me dédouane pas et souhaite que ce débat soit réouvert, NDA), et ce colloque ne m’inspire aucune sympathie. Mais l’enjeu n’est pas là. L’enjeu porte sur la liberté d’expression. La liberté d’expression n’a pas pour fonction de défendre des idées consensuelles, mais d’assurer l’expression des idées dérangeantes. À ce que j’en sais, il n’est pas interdit d’être pro-vie au Québec. Dès lors, ceux qui veulent s’engager pour cette cause ne devraient subir ni discrimination politico-idéologique  ni interdiction légale ou administrative. Même si nous réprouvons moralement leur engagement.
 

 
 
 Caroline Proulx pourrait-elle nous dire à partir de quels critères elle autorisera ou interdira les prochains évènements au Centre des congrès? ou les autorisera-t-elle à partir de préférences arbitraires? La réponse du gouvernement Legault a de quoi inquiéter. La réponse de François Legault dans cette affaire va dans le sens de son attitude en ce qui a trait aux nominations de cadres dans le secteur de l’éducation. Faut-il parler de tentation autoritaire? (Voir sur ce blogue,  le pouvoir corromp, 7 juin). Les événements accueillis au Centre des congrès de Québec, au palais des Congrès de Montréal ou au Parc Olympique devront, dit-il «respecter les principes fondamentaux du Québec». Qui les établira? Qui jugera de la conformité d’un évènement public avec ces principes? Est-on conscient que désormais, n’importe quel gouvernement, mouvement, groupe ou groupuscule pourra réclamer l’interdiction d’un évènement , sous prétexte qu’il entre en contradiction avec sa vision ces «principes fondamentaux»?
 
Le gouvernement Legault, allié de la cancel culture. Je ne m’y attendais pas. Mais cela vient d’arriver. 
 
 

 
Grâce à Caroline Proulx, ministre autoritaire et ennemie de la liberté d’expression.» (Caroline Proulx, ministre autoritaire et ennemie de la liberté d »,expression, Journal de Montréal, 5 juin). La réponse aux questions de MBC est venu de François Legault lui-même: «La ministre du Tourisme Caroline Proulx est intervenue jeudi soir pour faire annuler un évènement antiavortement qui devait se tenir à la fin du ois au Centre des congrès de Québec, une société d’État.[…]. Le premier ministre François Legault soutient la décision de sa ministre et va même plus loin en voulant interdire la tenue de ce genre d’évènements. «Il y a une question aussi de jugement. On n’ira pas permettre à des groupes antiavortement de pouvoir faire des grands spectacles dans des organismes public» a-t-il lancé en se rendant à la période des questions, vendredi. « C’est contre les principes fondamentaux du Québec. Il est hors de question que l’une de nos sociétés d’État, qui sont sous notre responsabilité , comme le Centre des congrès ou le Parc Olympique. Ce genre d’évènements n’aura pas lieu chez nous», a martelé la ministre Proulx lors d’une mêlée de presse en compagnie de la ministre responsable de la Condition féminine, Martine Biron. «Selon le gouvernement Legault, il n’est ici question de restreindre la liberté d’expression, mais de défendre «les principes fondamentaux du Québec». Ni le premier ministre  ni les ministres Proulx et Biron ont voulu dresser la liste de ces principes.»(Legault veut interdire des évènements dans des «organismes publics», La Presse, 2 juin). 
Grâce à Caroline Proulx et François Legault, nous savons maintenant que nous vivons en liberté surveillée. Une seule remarque; Les conseillers juridiques de gouvernement Legault ont probablement recommandé au gouvernement de ne pas s’en prendre directement à un droit garanti par la Charte québécoise des droits et libertés et se laisser entraîner dans ce qui deviendrait rapidement une saga judiciaire. En privant le mouvement pro-vie de lieux de réunions publics (certes, il reste au mouvement pro-vie les lieux de réunions privés, le gouvernement Legault entend placer le mouvement pro-vie dans la situation du poisson hors de l’eau (certes, il reste au mouvement pro-vie les lieux de réunions privés, habituellement moins vastes et moins prestigieux, la question se pose d’ailleurs qui voudra sembler, opposer au gouvernement en accueillant les réunions et les activités des pro-vie, le gouvernement a tellement d’occasion de louer des lieux de réunions privés, formations de fonctionnaires, etc., sans compter les réactions possibles des mondes syndical, communautaire et associatif),
Si Martine Biron et Caroline Proulx se montrent incapables dresser la liste de ces principes, L’actualité des dernières semaines permet d’en esquisser les contours, Partis-pris favorable à l’avortement, mais aussi aux personnes LBGTQ+ et aux drag queens (dans ce cas, c’est Martine Biron qui était en mission) (Voir ce blogue, Les nouvelles vaches sacrées, 11 avril). Supportée par le premier ministre, Barbie peut retourner sans craintes au Salon bleu: «L’annulation de l’évènement antiavortement a été salué par l’opposition. «C’est clair, au Québec, on ne veut pas retomber dans le débat quant à l’avortement , c’est important pour nous, et je pense que la ministre était bien avisée de poser ce geste» a mentionné le chef libéral par intérim, Marc Tanguay. « La députée de Québec solidaire, Ruba Ghazal, a félicité Mme proulx pour son «leadership» «J’ai déjà été ministre du Centre des congrès de Québec, et si j‘avais eu la même information, j’aurais pris la pris la même décision», a fait valoir de son côté le député péquiste Pascal Bérubé. «Ça envoie un message fort. L’État à travers le Centre des congrès, n’a pas à accueillir un tel groupe qui fait la promotion de valeurs qui vont à l‘encontre de celles de l’État» at-il ajouté.  Pascal Bérubé est habituellement mieux inspiré, le député de Matane se rend-il compte que laisser la protection de la liberté d’expression à l’État, c’est confier la garde de la bergerie au Grand méchant loup. Avec de tels amis, la liberté d’expression au Québec n’a pas besoin d’ennemis.

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