Notre classe politique acceptera-t-elle enfin de prendre à bras le corps l’un des principaux tabous auxquels est confronté le monde de l’Éducation québécois. Un vrai tabous, pas l’un de ces tabous frelatés comme les aime Janette Bertrand. «Marwah Rizqy part en croisade pour en finir avec la sous scolarisation des garçons dans L’écart silencieux, un documentaire qui promet de faire jaser, présenté dès le 4 septembre sur le site de Savoir Média. «Le sujet n’est nouveau c’est sans doute ce que’on retiendra de cette quête de la députée libérale de Saint-Laurent. Cela fait des années que l‘on sait. Des décennies qu’on documente. Et que rien ne bouge. Précision: il s’agit d’une quête «non partisane» prend soin de préciser la principale intéressée qui a déjà annoncé, on s’en souviendra, ne pas se représenterez 2026. elle parle en temps que citoyenne et mère e deux jeunes garçons, ce qui n’est évidemment pas anodin. C’et que la démarche n‘est pas anodine, elle aussi, et Marwah Rizqy le sait. »C’est la première fois qu’on fait un documentaire non partisan avec une députée en siège» débute la principale intéressée , rencontrée dans les bureaux de Savoir Média. Elle remercie au passage les autres députés qui ont accepté de se mouiller, de Pascal Paradis (Parti québécois) à Sol Zanetti (Québec solidaire, sans oublier Bernard Dainville, le ministre de l’Éducation lui-même. «Et tous ceux qui ont participé ont répondu avec leurs tripes, ce n’est pas habituel. Ils se sont vraiment livrés.»
Pour cause: « Ils ont tous compris qu’il y avait un véritable enjeu national» Et il est de taille: chaque année 20 000 femmes de plus que d’hommes obtiennent un diplôme du cégep ou de l’université. Pourquoi? Surtout : «qu’est-ce qu’on peut faire?» demandera la députée libérale dans le documentaire , réalisé par Flavie Payette-Renouf (Le dernier felquiste).
L’enjeu lui est apparu très concrètement il y aux ans, en donnant une conférence à l’université . Pas un homme dans la salle. Pas un. «quelque chose ne va pas» réalise-t-elle . Une demande d’accès à l’information plus tard et elle en a la confirmation, chiffres à l’appui: systématiquement , moins d’hommes s’inscrivent à l’université , mais également au cégep, tandis que moins de garçons quittent le secondaire avec leur diplôme en poche, année après année, l’écart de réussites se maintient à 10 ou 12%. On ne peut pas, comme société, regarder ces écarts qui s’accumulent» dit-elle. Cela fait des décennie que les chercheurs-à commencer par Égide Royer (Psychologue, professeur titulaire associé la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval, expert en réussite scolaire, interrogé dans le film-s’époumonent à sonner l’alarme. Plusieurs intervenants (notamment Catherine Kaeck , coautrice de La sous scolarisation des hommes) le lui ont dit. D’ou l’idée de faire ce film, afin de prendre le taureau par les cornes, nommer les choses et, surtout, proposer des solutions.
Avant d’y venir, il faut savoir que le sujet a un je -ne-sais-quoi de «tabou», comme si on enlevait quelque chose aux «filles» avance Égide Royer dans le documentaire. Bernard Drainville confirme: «C’est beaucoup plus facile pour toi comme femme de soulever cet enjeu là «dira-t-il. Pourquoi? Parce que venant d’un homme, cela risque de passer pour une suggestion « anti-filles ». Or cela n’a rien à voir. affirme à son tour Pauline Marois, première ministre du Québec, de 2012 à 2014, à la caméra. «C’est elle, celle à l’origine de l’aprentissage dès la petite enfance, celle qui a cru dans les CPE, rappelle Marwah Rizqy, c’est la plus féministe, et ça personne ne peuvent douter. Or elle-même le dit, regardez, il faut aussi qu’on s’occupe des hommes. Certes, mais comment? nous y voici»
«Le nerf de la guerre, c’est la lecture.»

On le sait: les difficultés de lecture sont des indicateurs majeurs de risque de décrochage. Ce qui est intéressant, c’est que le documentaire présente des moyens éprouvés d’y arriver: commencer la lecture le plus tôt possible, laisser libres de choisir ce qu’ils lisent, leur offrir des modèles positifs (pourquoi pas des joueurs de hockey, Rimouski l’a fait avec le programme Nicslecture, (le programme de lecture mis sur pied par l’Océanic de Rimouski de la Ligue de hockey junior majeure du Québec NDA) et les résultats sont surprenants) surtout donner le goût de la lire et fixer un temps de lecture obligatoire au quotidien, comme en Ontario notamment. «Il n’y a pas de minutes obligatoires au Québec» laisse tomber Marwah Rizky «C’est mon dernier tour de piste martèle-t-elle et s’il y a un enjeu dont j’aimerais que les gens se souviennent en souhaitant qu’il devienne une priorité nationale, c’est celui dela sous-scolarisation des garçons » Le film se conclut aussi avec enferme appel à l’action.»(Pour en finir avec la sousscolaristion des garçons, La Presse, 1er septembre) Dit autrement, la lecture peut aider à pallier ce risque la lecture et a contrario de Marwah Rizqy et de L’Écart silencieux. osons appeller les choses par leur nom; le silence québécois sur la sous scolarisation des garçons ne relève pas d’un «tabou» , mais plutôt d’un véritable diktat féministe: pour l’un des intervenants du documentaire (c’est Renaud Paradis, qui dit qu’il s’agissait implicitement de solder des siècles de dettes envers les femmes). Fallait-il pour autant que la facture soit réglée sur le dos des garçons solarisés grosso modo depuis la Révolution tranquille? Comment expliquer autrement que le monde de l’éducation québécois ait accepté de passer sous «Fourches Caudines»du féminisme et de sacrifier de facto deux générations de garçons québécois sur l’autel de ce féminisme. Combien de garçons québécois sous scolarisés et ultimement décrocheurs sont ainsi restés «sur le carreau»? Une société comme la société québécoise n’a pas les moyens de gaspiller ainsi ces ressources humaines,
Je ne sais si la solution à la sous scolarisations garçons réside dans la lecture. la lutte au décrochage scolaire ne doit pas être confondue avec la recherche de solution à la sous scolarisation des garçons, ce sont deux problèmes fort différents, des problèmes qui appellent des solutions différentes. J’ai souvenir, il y a quelques années que des intervenants en éducation confrontés à cette sous scolarisation des garçons en tenaient pour un accroissement significatif des heures consacrées aux sports afin d’utiliser à bon escient la testostérone caractéristique de cet âge chez les garçons. Nous pouvions, dans la cour de récréation, nous adonner au ballon chasseur, au drapeau et même, l’hiver, au roi de la montagne, nos institutrices nous laissant nous tirailler à loisir. Nous retournions en classe, toute testostérone brulée. Et, bien calmés, nous nous trouvions attentifs aux enseignements de nos institutrices, il est vrai que ces dernières avaient un peu de Drill Instructor du corps des Marines dans le corps, ce qui ne m’empêche pas de remercier encore aujourd’hui les Mademoiselle Grondin et Racine de mon enfance, avec elles, le corps raide et les oreilles molles nous nous apprenions et réalisions toute la vérité qu’il y dans la maxime de nos amis anglo-saxons: No pain, no gain, maxime dont j’ai lu récemment la version poétique tatouée sur le bras d’une jeune femme: No rain, no flowers.
L’écart silencieux, En ligne dès le 4
septembre , à 20h. Sur Savoir Média, le 11septembre, à 20 h.