Sunday, May 22, 2022

Le Canada a la politique étrangère qu'il mérite

 

Dans Le Devoir du 18 mai 2022, Jocelyn Coulon a signé, dans la page Idées, un texte intéressant intitulé « Le Canada isolé sur la scène internationale ? » Il y déplore l’insignifiance du rôle diplomatique du Canada. Comme sur le site du journal cet article était ouvert aux commentaires, j’ai proposé le mien, que voici.

« Le Canada a la politique étrangère qu'il mérite

« Les électeurs canadiens ont élu Justin Trudeau, un pantin, un « costume vide » pour reprendre une expression américaine. Trudeau a nommé Mélanie Joly à la tête de la diplomatie canadienne : il a choisi une sotte qui n’y connaît rien. On a donc le résultat que monsieur Coulon déplore.

 


 

 

« Le Canada doit agir sur la scène internationale non comme un prêcheur de morale woke, mais comme le défenseur des intérêts canadiens et de la paix. La paix conçue non pas à la manière du pacifisme, non pas la paix à tout prix et en toutes circonstances, mais la paix comme moyen de réalisation du développement aussi harmonieux que possible des États du monde entier.

« Le Canada doit éviter de se lancer dans la surenchère moralisatrice dès que surgit un problème épineux sur la scène internationale. Tout ce qui intéresse Trudeau et Joly, ce sont les effets d’annonce. Le féminisme radical, le transgenrisme d’urgence, l’homosexualisme de choc, le démocratisme délirant ne doivent pas être des objectifs en soi de la politique étrangère du Canada.


« Les intérêts géostratégiques et géopolitiques du Canada doivent primer dans sa diplomatie. Notre frontière nordique commune avec la Russie en est un bel exemple. L’élargissement de l’OTAN est un autre sujet qui appelle une réflexion et une prise de position lucide.

 

 

 

« Il faut dire que les Américains ne sont pas mieux lotis que les Canadiens. Ils ont élu Biden, c’est tout dire : un lecteur de prompteur à moitié sénile. Le Canada doit apprendre à penser par lui-même et quand l’Oncle Sam lui intime l’ordre de sauter, même au bord du précipice, sa réaction ne doit pas être de répondre : « À quelle hauteur ? » Le diplomate doit parfois dire non, merci. »

Verdict ? Refusé. 

Commentons ce verdict. Je devine — et le lecteur aura deviné avant moi — que là où le bât blesse, c’est dans l’évocation du « féminisme radical, du transgenrisme d’urgence, de l’homosexualisme de choc, du démocratisme délirant ».

La politique étrangère d’une nation ne soit pas être guidée par le souci envahissant de moraliser les autres pays et de changer leurs mœurs malgré eux, et même si une minorité à la mode appelle à son secours la cavalerie woke. Doivent dominer les considérations géostratégiques et géopolitiques. Le reste est secondaire. Ce propos tout simple a déclenché toutes les alarmes de la censure devoirienne.

J’en conclus que Le Devoir juge sacro-saint le féminisme radical. Aujourd’hui, cela veut dire, par exemple, négliger le sort des femmes pour privilégier celui de l’infime minorité des femmes « nouvelles » par la grâce d’une transmutation de type transgenre ; écraser les athlètes féminines sous la concurrence de transgenres à jupette mais bourrées de testostérone depuis la naissance ; prétendre que les hommes peuvent tomber « enceints » et qu’il est discriminatoire de parler de mère, le seul terme axiologiquement neutre serait les personnes donnant la vie (« birthing people »).

Le transgenrisme d’urgence est une idéologie extrémiste qui commande, toutes affaires cessantes, de bouleverser l’ordre social ici et dans le reste de l’univers habité pour approprier la création et la société aux aspirations d’une minorité microscopique. Le Devoir sanctionne tout récalcitrant qui ose suggérer que tel ne doit pas être l’objectif primordial de la diplomatie canadienne.

Le Devoir embrasse sans retenue l’homosexualisme de choc, qui n’est pas la reconnaissance de l’existence d’homosexuels et de leur liberté de vivre selon leurs préférences, mais bien un fanatisme qui pousse à tout « homosexualiser » depuis la publicité jusqu’aux classes d’éveil des Centres de la petite enfance. Les parents regimbent ? Quelle horreur ! Leurs enfants ne leur appartiennent pas, mais à l’État et, un peu quand même, n’est-ce pas ? aux groupes de pression homosexualistes. Le Canada doit donc accourir à la rescousse de tous les homosexuels maltraités sur la planète, étant entendu que les Ouïgours peuvent attendre encore un peu. 

Le démocratisme ? Pour Le Devoir, le démocratisme n’est jamais délirant, ni ici ni ailleurs : c’est une impossibilité métaphysique. Voilà qui clôt le débat.

Les pages internationales du Devoir sont d’une affligeante pauvreté. Fabien Deglise y sévit, régurgitant ce qu’il a lu dans le Washington Post ou le New York Times, ne consultant et n’interrogeant presque toujours que ceux qui se classent spontanément dans le même camp. Heureusement, Christian Rioux sauve l’honneur. Des lecteurs ne conservent leur abonnement que pour éviter de manquer une seule de ses chroniques.

 



Henri Bourassa

 

 

Le Devoir, fondé par Henri Bourassa et illustré par Omer Héroux, Georges Pelletier, Gérard Filion, André Laurendeau, Claude Ryan, est tombé en quenouille. C’est maintenant les Emilie (sans accent aigu s’il vous plaît) Nicolas qui y donnent le la. Quelle déchéance !

 

Contribution spéciale de P. Trépanier

No comments:

Post a Comment