Saturday, April 2, 2022

L’arbre qui cache la forêt

 



Le pape François a présenté ses excuses aux leaders autochtones s’étant rendus à Rome pour le rôle de l’Église catholique dans les pensionnats fédéraux au Canada. «Le souverain pontife s’est tenu devant près de 200 délégués autochtones, vendredi, et a demandé le pardon de Dieu pour la conduite déplorable de membres de l’Église catholique.» (Le pape s’excuse et promet de se rendre au Canada, La Presse, 1er avril).

Excuses attendues et ardemment souhaitées par les communautés autochtones. Excuses qui sont aux dires du premier ministre, Justin Trudeau, «une étape importante».
Excuses éminemment commodes car si elles mettent en lumière le rôle de l’église catholique, une histoire ou, de façon prévisible, l’Église catholique doit nécessairement porter le chapeau; pourquoi écrire de «façon prévisible» parce que depuis «l’affaire des orphelins de Duplessis», c’est l’Église catholique qui doit porter le chapeau pour les «bavures» de ces projets foireux ou l’État «libéral» (i.e.; l’État d’avant l’État providence) se débarrassait volontiers de ses responsabilités sociales sur les épaules des Églises. Les pensionnats autochtones faisaient parti de ces projets ou les Églises se trouvaient seules en première ligne. Il semble bien encore aujourd’hui quelles soient seules pour assumer la responsabilité des pensionnats autochtones. L’arbre des excuses papales ne doit pas faire oublier les responsabilités du gouvernement canadien. Au sujet des pensionnats autochtones, l’Encyclopédie canadienne à l’article Residential schools in Canada note que: »Residential schools were government sponsored religious schools that were established to assimilate indigenous children in Euro-Canadian culture.»




Stephen Harper (en juin 2008) et Justin Trudeau (en novembre 2017) se sont excusés pour les pensionnats autochtones, mais c’était avant la découverte des dépouilles de pensionnaires au pensionnat de Kamloops. Devant ce fait nouveau, il serait approprié que Justin Trudeau, au nom du gouvernement fédéral, s’excuse à nouveau et intègre dans ses excuses le souvenir des jeunes autochtones morts dans les pensionnats. Il pourrait le faire conjointement avec le pape François lors du passage de ce dernier au Canada. Les excuses de Justin Trudeau et du pape François permettraient peut-être de tourner la page sur ce triste épisode de notre histoire et remettraient en perspective le rôle des uns et des autres dans cette histoire.

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