Sunday, March 27, 2022

Histoire et histoire



Il faut lire ce matin (26 mars) la chronique de Mario Dumont dans le Journal de Montréal. Mario Dumont ouvre sa chronique en traitant du cas du professeur Michael J. Carley et ses déclarations pro russes (voir ce blogue, Liberté d’expression service minimum, 25mars), puis change brusquement de sujet en notant:»Depuis quelques années, des gens du monde des sciences sociales se questionnent sur le fait que l’Université de Montréal n’ait plus de professeur spécialiste de l’histoire du Québec. Rien sur le parcours ‘un peuple parlant français contre vents et marées, des plaines d’Abraham jusqu’au Rapport Durham, de la Confédération jusqu’à aujourd’hui, » (toute une aberration à l’Université de Montréal, Journal de Montréal, 26 mars).
Mario Dumont a raison, il est aberrant que la plus importante université française au Québec n’offre pas un enseignement de l’histoire du Québec aux élèves qui fréquentent son département d’histoire.
 
 

 
Réfléchissons avec Mario Dumont, et si l’absence d’un professeur spécialiste de l’histoire du Québec nous interpellait sur l’état général du nationalisme québécois? L’apparente indifférence de l’Université de Montréal(U de M) ne reflète-t-elle pas l’indifférence des Québécois francophones à l’égard de leur propre destin national depuis l’échec du deuxième référendum.

L’histoire, ce n’est pas que la mémoire de quelques dates et de quelques grands faits. C’est d’abord et avant tout la mémoire d’une vie nationale. L’histoire a certes pour mission de se souvenir, mais elle peut aussi être le levain dans la pâte. Mario Dumont a raison de mentionner:»Pourtant, l’Université de Montréal a accueilli dans ses rangs plusieurs grands historiens du Québec. Des piliers comme Maurice Séguin et Michel Brunet, qu’ont documenté les effets de la Conquête  sur les Canadiens français. Ou Guy Frégault qui a scruté notre histoire nationale en plus de mettre la loupe sur le rôle des grands personnages de notre passé. L’homme existe pourtant et il n’est pas loin de l’université de Montréal. Le poste de professeur de notre histoire nationale au département d’histoire de l’U de M. Pourquoi ne pas le confier cette tâche a Frédéric Bastien? Un Frédéric Bastien qui, paradoxalement et tristement, enseigne aujourd’hui à l’anglophone Cegep Dawson.
 

 

Les Séguin et Brunet véritable levain dans la pâte, annonçaient l’effervescence nationaliste des années 1960. Des historiens de leur trempe ne pourraient que constater le coma dans lequel notre nation est plongée depuis 1985. Telle une moderne Princesse aux bois dormants, notre nation attend un Prince charmant qui la libérera de son sommeil et de la malédiction historique qui semble peser sur elle. Il nous importe peu que ce Prince charmant soit historien ou homme politique, En toute bonne logique, l’historien précédera l’homme politique. L’historien que nous appelons de nos voeux, il faudra qu’il enseigne, non seulement à l’Université, mais aussi à l’École secondaire et au Cegep.

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