Il faut lire ce matin (26 mars) la chronique de Mario Dumont dans le Journal de Montréal.
Mario Dumont ouvre sa chronique en traitant du cas du professeur
Michael J. Carley et ses déclarations pro russes (voir ce blogue,
Liberté d’expression service minimum, 25mars), puis change brusquement
de sujet en notant:»Depuis quelques années, des gens du monde des
sciences sociales se questionnent sur le fait que l’Université de
Montréal n’ait plus de professeur spécialiste de l’histoire du Québec.
Rien sur le parcours ‘un peuple parlant français contre vents et marées,
des plaines d’Abraham jusqu’au Rapport Durham, de la Confédération
jusqu’à aujourd’hui, » (toute une aberration à l’Université de Montréal,
Journal de Montréal, 26 mars).
Mario
Dumont a raison, il est aberrant que la plus importante université
française au Québec n’offre pas un enseignement de l’histoire du Québec
aux élèves qui fréquentent son département d’histoire.
Réfléchissons
avec Mario Dumont, et si l’absence d’un professeur spécialiste de
l’histoire du Québec nous interpellait sur l’état général du
nationalisme québécois? L’apparente indifférence de l’Université de
Montréal(U de M) ne reflète-t-elle pas l’indifférence des Québécois
francophones à l’égard de leur propre destin national depuis l’échec du
deuxième référendum.
L’histoire,
ce n’est pas que la mémoire de quelques dates et de quelques grands
faits. C’est d’abord et avant tout la mémoire d’une vie nationale.
L’histoire a certes pour mission de se souvenir, mais elle peut aussi
être le levain dans la pâte. Mario Dumont a raison de
mentionner:»Pourtant, l’Université de Montréal a accueilli dans ses
rangs plusieurs grands historiens du Québec. Des piliers comme Maurice
Séguin et Michel Brunet, qu’ont documenté les effets de la Conquête sur
les Canadiens français. Ou Guy Frégault qui a scruté notre histoire
nationale en plus de mettre la loupe sur le rôle des grands personnages
de notre passé. L’homme existe pourtant et il n’est pas loin de
l’université de Montréal. Le poste de professeur de notre histoire
nationale au département d’histoire de l’U de M. Pourquoi ne pas le
confier cette tâche a Frédéric Bastien? Un Frédéric Bastien qui,
paradoxalement et tristement, enseigne aujourd’hui à l’anglophone Cegep
Dawson.
Les
Séguin et Brunet véritable levain dans la pâte, annonçaient
l’effervescence nationaliste des années 1960. Des historiens de leur
trempe ne pourraient que constater le coma dans lequel notre nation est
plongée depuis 1985. Telle une moderne Princesse aux bois dormants,
notre nation attend un Prince charmant qui la libérera de son sommeil et
de la malédiction historique qui semble peser sur elle. Il nous importe
peu que ce Prince charmant soit historien ou homme politique, En toute
bonne logique, l’historien précédera l’homme politique. L’historien que
nous appelons de nos voeux, il faudra qu’il enseigne, non seulement à
l’Université, mais aussi à l’École secondaire et au Cegep.
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