Qu'est-ce que les Québécois fêtent le 24 juin, que devraient-ils fêter, que fêteront-ils dans les faits?
Ils sont censés fêter la fête nationale du Québec. Deux chroniqueurs du Journal de Montréal se
sont récemment prononcés sur la question (Richard Martineau, Que
va-t-on fêter le 24?, 16 juin et Mathieu Bock-Côté, Que fêtons nous à la
Saint-jean?, 20juin) . Nationaliste assumé, Mathieu Bock-Côté (MBC)
fêtera la fête nationale. Il écrit: « La questionn est souvent revenue
au fil des ans: pourquoi devrions-nous être fiers d'être Québécois? La
réponse devrait venir spontanément: « plus de quatre siècle après notre
implantation en Amérique, nous sommes toujours là ! Et nous y sommes non
pas à la manière d'une minorité folklorique, mais comme un peuple bien
vivant, qui remporte à chaque génération ce pari insensé : maintenir sa
différence vitale, fondamentalement francophone aux marches de l'empire
le plus puissant de notre temps. Certes notre peuple a connu son lot
d'échecs[...]Mais toujours, au fil de l'histoire, est venue la réaction
vitale de ceux qui refusent la fin de notre épopée. Elle vient d'une
poignée de résistants qui disent non à notre assimilation, qui se
lèvent, qui tiennent tête, qui acceptent les injures et les crachats, et
qui incarnent ainsi la promesse de notre redressement.»
Changement
de ton chez Richard Martineau:» Mais aujourd'hui que les mots «nation»
et «peuple» sont devenus radioactifs (« nationalisme»est synonyme de
«fascisme»et peuple de «populisme»), maintenant que le rouleau
compresseur de la Charte à Trudeau a tout écrasé sur son passage ,
maintenant que le simple fait de vouloir défendre notre langue est
considéré comme intolérant , qu'est-ce qu'on célèbre à la Saint-Jean ?
Le début de l'été?
ou, cette année, la fin du confinement ?
Vraiment, je vous redemande...
Vous voyez une différence entre les célébrations de la Saint-Jean et celles du Jour du Canada, vous ?
Moi, de moins en moins ...
Maintenant
qu'on a vidé la Saint-Jean de sa signification politique, maintenant
qu'on ne peut même plus murmurer le mot «nation» sans se faire regarder
de travers, maintenant qu'on se sent obligé de chanter Gens du pays en
13 langues pour prouver au reste du monde que nous ne sommes pas une
bande de méchants xénophobes, la Saint-Jean n'est plus que l'ombre
d'elle-même...
Alors, il reste quoi ? C'est quoi la Saint-Jean ? Une occasion de prendre une bière »
L'objectivité
nous condamne à conclure que l'analyse de Richard Martineau nous
apparaît plus juste que celle de MBC. Aucun des deux chroniqueurs n'a
pris en considération ces Québécois qui apprécient surtout le journée de
congé que représente la Fête nationale. Le défi qui se pose aux
nationalistes québécois est de faire en sorte de donner raison à MBC:
demeurer un peuple bien vivant fondamentalement francophone et, nouveau
défi, fondamentalement européen. Comment passer du découragement de
Richard
Martineau
à la ferveur d'un MBC. Il faut d'abord renforcer la loi 101 (notamment,
l'unilinguisme français du secteur collégial québécois). c'est là un
chantier au moins aussi important pour François Legault que celui de
réduire l'immigration et l'adoption de la Loi 21. Aura-t-il le courage
de s'attaquer à cette tâche? En haut de cette liste d'épicerie
«nationale» la réhabilitation de l'enseignement de l'histoire du peuple
canadien-français puis québécois en montrant bien la parenté entre les
deux et leurs combats pour la survie. Une histoire vraiment «nationale»
et pas un enseignement préparé par des apôtres du nationalisme civique
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