Monday, February 10, 2020

L'arbre et la forêt



Il est amusant de voir comment certains intellectuels ont besoin de béquille . Illustration récente de cette affirmation, une étude financée par Québec et dirigée par la professeure Solange Lefebvre de l'institut d'études religieuses de l'Université de Montréal, accompagnée du politicologue Frédérick Bastien
« Grâce à des sondages, aux entretiens avec plus de 70 personnes radicalisées et à l'interrogation de professionnels des médias (voilà pour les béquilles), l'équipe a brossé le portrait de la perception de l'extrémisme violent par le public et a identifié des pistes d'action pour prévenir la radicalisation.[...] « En général, les Québécois associent surtout l'extrémisme violent à l'Islam. Un acte «exécuté au nom d'une idéologie antiféministe est moins susceptible d'être associé à l'extrémisme, au terrorisme à l'endoctrinement, qu'un acte identique, dont on dit qu'il fut commis au nom au nom du Coran.»écrivent les auteurs de l'étude.» (Les Québécois craignent surtout l'extrémisme islamique, Le Devoir, 7 février). Ce que la sagesse populaire a intuitivement ressenti, les intellectuels ont besoin d'études, pour le réaliser, prouvant en cela qu'ils sont bien les eggheads de nos voisins américains. Confirmant aussi l'intuition de Michel Audiard voulant «qu'un intellectuel assis va moins loin qu'un con qui marche».Nos savants intellectuels ont donc besoin d'une béquille pour réaliser l'évidence. Ces eggheads sont cependant prompts à noyer le poisson lorsque cela les sert, «un acte exécuté au nom d'une idéologie antiféministe est moins susceptible d'être associé à [l'extrémisme], au terrorisme et à l'endoctrinement qu'un acte identique, dont on dit qu'il fut commis au nom du Coran.» Faut-il rappeler à nos savants intellectuels que le terrorisme, ce n'est pas simplement le recours à la violence ou à des gestes brutaux et éventuellement illégaux, mais l'utilisation de cette violence pour obtenir et imposer un plan et un projet politique débouchant sur des changements en profondeur de la société. On peut donc parler de terrorisme islamique, mais il est exagéré de parler de terrorisme masculiniste (ce qui n'exclut pas la commission d'actes violents). 

Le volet étude de l'extrémisme n'apparaît pas comme le véritable objectif de Madame Lefebvre et de chercheurs qui l'entouraient, ce n'est que l'arbre destiné cacher la forêt; la forêt de l'étude apparaît plus loin dans le texte. Les véritables intentions des auteurs étaient probablement dès le début de nature idéologique:«Or, les auteurs ont observé que le régime médiatique des répondants est associé à des changements particuliers de perception. Ceux qui consultent Radio-Canada et La Presse ont vu leurs inquiétudes par rapport à l'islamisme violent diminuer davantage que ceux qui lisent Le Journal de Montréal et Le Journal de Québec. La perception de la menace représentée par l'extrémisme anti-immigrants a plus fortement augmenté chez les auditeurs et téléspectateurs de Radio-Canada que chez les lecteurs des journaux de Québécor. Au cours de la période considérée, les craintes envers l'extrême gauche ont davantage augmenté chez les lecteurs de ces deux journaux, tandis que les habitués de Radio-Canada se sont mis à davantage, inquiéter de l'extrême-droite. Probablement étonnés par leur audace (i.e, devoir convenir que les Québécois craignent davantage l'extrémisme islamique) et soucieux de préserver leur mince vernis de respectabilité politique,  les auteurs de l'étude doivent offrir des responsables à cet état de faites pâture aux chevaliers de la rectitude politique, Les auteurs de l'étude n'hésitent à « sacrifier" sur l'autel de cette rectitude politique, les lecteurs de la presse Québécor, ils offrent en pâture aux lecteurs du Devoir, les «méchants» lecteurs de la presse Québécor, mais ils les soupçonnent visiblement de racisme et d'islamophobie, d'être d'odieux «identitaires». en un mot comme en cent, des «populistes» qu'il est facile de voir opposés aux «progressistes» et «éclairés» lecteurs de La Presse et aux auditeurs de Radio-Canada, car ils ont eux compris la menace posée par l'extrême-droite. Les auteurs de l'étude démontrent aussi qu'en tout progressiste sommeille un Andreï Vichinsky partant  pour de modernes «procès de Moscou». À l'analyse de Mme Lefebvre et consorts , il ne manque que des bonnets d'âne posés sur les têtes de Richard, Martineau et Mathieu Bock-Côté. Résister à la tentation n'a pas dû être facile. Pour notre part, nous ne résistons pas à la tentation de ranger Le Devoir et Radio-Canada dans le camp des progressistes, plus soucieux d'enfumer les Québécois que de les informer.

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