Combien
de temps les Québécois francophones devront-ils encore boire la coupe?
Encore et encore s'il n'en tient qu'à Télé-Québec. Dernière gorgée en
date, le documentaire Briser le code, diffusé sur les ondes de
Télé-Québec, le 29 janvier. Le point de vue du documentaire a à tout le
moins le mérite d'être original, il ne s'intéresse pas aux organisations
racistes ou soit-disant racistes, comme c'est habituellement le cas, le
réalisateur a choisi de tendre le micro à quelques Néo-Québécois,
témoins de première ligne du «racisme» des Québécois. Le documentaire
s'ouvre sur la déclaration du narrateur et instigateur de l'initiative,
Fabrice Vil, «Le jeune Afro-Québécois déclare qu'en 4e année , il s'est
rendu compte qu'en camouflant son accent, il arrivait à se faire plus
d'amis. À la même époque, il a aussi constaté que ses lunchs ne
«fittaient» pas à la cafétéria et opté pour du baloney, plus typique, et
surtout moins exotique. Anecdotique, vous dites? Peut-être bien que
non. Parlons-en. C'est un peu la proposition, ou plutôt l'invitation,
que nous fait Briser le code, un documentaire présenté [...] sur
les ondes de Télé-Québec, lequel dresse le portrait à la fois
anecdotique, mais aussi systémique, de toutes ces «micro agressions» que
vivent quotidiennement les minorités au Québec et qui, mises bout à
bout ,constituent du racisme, qu'on aime le mot ou non.» (»Briser le
code»: parlons racisme , La Presse, 29 janvier).»Qu'est ce que ce
«code»? Ce sont «ces attitudes ou comportements que les personnes
racisées et autochtones doivent utiliser pour se fondre dans la majorité
québécoise sans déranger. (Définition discutable, car en faisant la
belle part aux personnes racisées, elle ignore les milliers d'italiens
et d'Européens de l'Est qui se sont établis chez et ont visiblement
survécu aux rigueurs du «code», NDA) Vous n'y croyez pas? Le film
réalisé par Nicolas Houde-Sauvé. nous présente le vécu de Fabrice Vil,
mais aussi de Sonia Djelidi, André Ho et Alexandre Vollant, entre
autres, lesquels offrent tous des récits du même genre. Sans parler des
éternelles questions soulevées par la couleur de leur peau ,
l'intonation de leur voix et la résonance de leur nom. Est-ce qu'on va
te marier de force? Pourquoi tes parents ne parlent pas français? C'est
ton premier hiver? Une fois, ça va . Tous les jours, c'est «lourd».
Pire. C'est insultant.» Dénigrant, même. Pourquoi? «le problème , c'est
quand il y a un rapport de pouvoir qui fait que ce code normé est imposé
par la majorité . Cela fait en sorte que les personnes racistes et
autochtones en viennent à renier leur identité.» répond Fabrice Vil.
Tout à sa croisade et à sa condition de racisé, Fabrice Vil est
incapable de réaliser que la majorité n'impose. aucun code; elle
s'efforce plutôt de vivre normalement sur son territoire historique,
Ce qui est remarquable dans Briser le code,
c'est qu'aucun des intervenants ne parle d'assimilation ou
d'intégration, Fabrice Vil se risque à parler du bout des lèvres
d'»insertion». Ce que décrit Briser le code, ce n'est en effet
pas autre chose que la première étape de l'assimilation à la majorité de
la société d'accueil. L'antithèse de cette assimilation, c'est le
ghetto et la vie en silo à laquelle conduit le multiculturalisme.
Assimilation vers laquelle se dirige la plupart des intervenants, jeunes
Asiatiques, jeune Tunisienne tous s'expriment dans un excellent
français , de même qu'Alexandre Vollant.
Nécessité
du documentaire ou choix de la production afin de rassurer les
auditeurs francophones, l'auditoire de Télé-Québec, sur la menace que ne
ferai pas peser l'immigration sur l'avenir de la majorité francophone.
Revenons
à Fabrice Vil: «La question est inévitable: est-ce à dire que la
société québécoise est raciste? En fait, la question n'est pas là. Enfin
pas vraiment, répond, diplomatiquement toujours, Fabrice Vil. »Je pense
que la question «est-ce que nous sommes une société raciste? »
présuppose déjà une définition incomplète de ce qu'est le racisme»,
avance-t-il. Parce que non, le racisme n'est pas un «acte haineux»,
«commis de façon intentionnelle». C'est aussi une accumulation de tous
ces petits «phénomènes au quotidien» décrits plus haut , dit-il, [...]
Certes, parler racisme est dérangeant, Fabrice Vil ne le nie pas.
« Commençons par reconnaître ça, et déjà, on aura un bout de chemin de
conversation.» Pour ce qui est de la conversation, Fabrice Vil se
rend-il compte qu'il vient d'en remettre une couche avec son racisme de
«petits phénomènes au quotidien». Laissons-le poursuivre sa réflexion,
déjà en n'assimilant pas le racisme à des actes «haineux» commis de
façon intentionnelle , il a fait un pas dans la bonne direction. Pour
être honnête, je n'attend pas trop de la réflexion de Fabrice Vil, il
conclut en effet par une déclaration aux indéniables accents
«trudeauistes». Pour Vil: «Une question essentielle, basique, et
fondamentale, si l'on veut enfin cesser de perpétuer ces inégalités. Et
dont on sortira, en fin de compte tous gagnants, faut-il le rappeler .
Parce que si les humains vivent des inégalités, on est tous
perdants.[...] Collectivement, on est tous perdants, parce qu'on
n'arrive pas à faire émerger le meilleur de tout le monde...». Message
pour Fabrice Vil; À Rome, fait comme les Romains.
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