Une journée dans la vie du
Journal de Montréal
« L'appui «apporté par Québec solidaire
à Justin Trudeau » sur la question des seuils d'immigration a suscité
de nombreuses et instructives réactions chez certains chroniqueurs de Journal de Montréal.
Sont montés en ligne pour un tir groupé, Denise Bombardier, Joseph
Facal, Richard Martineau et Mathieu Bock-Coté. Première constatation ces
chroniqueurs et la chroniqueuse semblent encore sous le choc des
progrès de Québec solidaire (QS) et sous celui concomitant
de la déconvenue du Parti Québécois(PQ). Le ton général est à la
trahison du Québec en raison de ce désaveu
de facto du choix majoritaire des Québécois au soir du 1er
octobre. Les Québécois ayant choisi d'abaisser les seuils d'immigration
en appuyant la Coalition Avenir Québec (CAQ), QS est un parti
d'opposition, rien ne l'oblige à approuver les
positions de la CAQ. QS a encore le droit de considérer que l' »intérêt
supérieur » du Québec demande plus d'immigrants, nous sommes encore
dans une société libre, même pour dire des sottises. QS n'est pas
responsable devant l'aréopage de chroniqueurs énuméré
plus haut, mais devant ses électeurs et éventuellement devant la
population québécoise en 2022.
La plus intéressante des chroniques est celle de Joseph Facal (Qs : Piège à cons, Journal de Montréal, 17 novembre)
Il ramène le débat à l'essentiel, il ne
s'agit pas de l'appui de QS à Justin Trudeau, fausse querelle destinée à
faire vendre de la copie le vrai débat que révèle, la présence des
solidaires fait de Gabriel Nadeau-Dubois
(GND) aux côtés de Justin Trudeau est cette coagulation d'un front
mondialiste contre les nationalistes. Dans des phrases aux accents
Barrèsien, le chroniqueur écrit: « La ligne de partage entre les eaux au
Québec n'et plus pour l'avenir prévisible entre la
gauche et la droite, entre les fédéralistes les souverainistes. Elle
oppose les multiculturalistes-QS, PLQ, PLC, etc.- à ceux qui croient
qu,il y a une spécificité à protéger et une laïcité à affirmer, afin de
contribuer à la vraie diversité du monde. »Plus
de cent ans après la guerre des nationalistes et des cosmopolites ,
nous y sommes revenus. Il n'y a rien à ajouter à la description de la
situation faite par Joseph Facal , sinon que la la ligne de partages des
eaux traverse tout le monde occidental, les média
aux ordres ont choisi et définissent le camp des scélérats, Orban en
Hongrie, Salvini en Italie, Kurtz en Autriche. Les élections européennes
de juin 2019 permettront de mieux distinguer ou la ligne de partage des
eaux passe à Strasbourg.
La moins intéressante des chroniques est celle Richard Martineau (Le nouveau Parti rhinocéros,
Le Journal de Montréal, 17 novembre)
Brouillon, sautant du coq à l'âne pour
donner l'impression d'embrasser large, Martineau étreint surtout mal en
courant plusieurs lièvres à la fois. Pour décrire Québec solidaire il
commence par citer le Parti Rhinocéros
(PN) créé , en 1963, par le médecin -poète Jacques Ferron. dans
l'inculture qu'il a acquise à l'hebdomadaire
Voir. Martineau néglige de mentionner que le PN était un parti
fédéral constitué pour se moquer justement du fédéral et plus largement
du Canada. Ferron était pacifiste (en 963, le Canada de John
Diefenbaker est plongé dans la crise des missiles
Bomarc et de la présence d'armes atomiques américaines en sol canadien)
et socialiste.
Lorsqu'il est cours d'arguments,
Martineau retourne souvent à un humour trivial, il écrit aux sujets des
porte-paroles de QS «Trois semaines comme ça et ils vont devenir les
Ding et Dong de la politique de la politique
québécoise. Partez le piano: « Sol et Manon sont de drôles de pistolet.
Ils marchent sur la tête même quand c'est pas leur fête. » Personne n'a
dit que Manon Massé avait fait une folle d'elle lors des débats es
chefs télévisés lors de la campagne électorale,
voilà pour Dong, GND a mené les troupes étudiantes lors du Printemps
érable et s'il ne s'y ait pas fait que des amis, il ne s'est pas couvert
de ridicule, il s'est par ailleurs révélé un parlementaire discipliné,
voilà pour Ding. L'écoute des chroniques télévisées
de Richard Martineau à TVA, dans Le Québec matin montre un
Martineau qui ne tourne pas le dos à un peu de comédie pour appuyer ses
dires, en fait il cabotine (effets de sourcils appuyés font partie de
l'attirail du chroniqueur de Réveillez-vous,
grands mouvements de bras.) Martineau dans sa recherche des substituts
contemporains à Ding et Dong, n'a qu'à se regarder et regarder sa
voisine de pupitre dans la salle de rédaction du quotidien de la rue
Frontenac, Richard Martineau et Sophie Durocher forment
un parfait couple de Ding et Dong. Ayant épuisé le filon Ding et Dong,
Martineau s'en prend à Catherine Dorion, élue Solidaire de Taschereau,
adoptant un ton familier et paternaliste, il écrit : que les élues
libérales en tailleur et mocassins, pensons à
notamment aux Stéphanie Vallée et Isabelle Melaçon, je fais plus
confiance à la première facile à voir venir de loin avec son écologisme
est son socialism à gros sabots e que les secondes avec leur diplôme en
droit et en sciences politiques leur language fleuri),
s'en va en avion à Bilbao (pour un sommet européen des forces de
gauche, progressistes et écologistes, voilà qui a au moins le mérite de
la clarté et de la logique) pour parler de lutte aux changements
climatiques, effet facile et clin d'oeil aux rieurs, Martineau
ne nous explique pas comment il se rendrait lui de Québec\Montréal à
Bilbao, probablement en voiture ou en train de Paris à Bilbao. Puis
sautant une nouvelle fois du coq à l'âne , il abandonne Bilbao, pour
éreinter Catherine Dorion sur le 3e lien et la « ligne
de coke ». Il écrit: »Tertio: comparer les défenseurs du troisième
lien à des cocaïnomanes- idée géniale qui a reçu l'aval du parti . Oui
mesdames et messieurs ! Le politburo du part a vu cela et a dit: »Mais
quelle bonne idée ! Je vous dit que ça carbure
, à QS! Ça percole! Ça cogite! les forces vives du Québec en marche !
Mais si ce n'était que ça...Mais non. L'ange Gabriel (manifestation de
l'humour subtil de Martineau) s'est mis à genoux devant Trudeau et l'a
supplié d'envoyer promener un premier ministre
élu démocratiquement par le peuple du Québec. on rirait si ce n'était
pas si minable ... (il en faut un pour en reconnaître un autre). Pour le
troisième lien et la ligne de coke, les gens auront compris que
Catherine Dorion faisait référence au fait que nous
étions dépendant à l'automobile.
QS, L'allié de JustinTrudeau
Plus intéressante que Richard
Martineau, mais moins profonde dans l'analyse que Josef Facal, Madame B
ne s'est pas remise de son soir du 1er octobre, elle écrit : « Québec
solidaire , grisé par les résultats qui lui
accordaient 10 députés le plaçant à égalité avec le PQ se comportait
comme s'il était le parti qui venait de prendre le pouvoir. Revenu sur
terre depuis, QS cherche à se démarquer dans le paysage politique. Il a
réussi, cette semaine, de façon renversante
, honteuse même en exhortant le gouvernement Trudeau d'empêcher
François Legault , le premier ministre, de réduire le nombre
d'immigrants au Québec. Elle poursuit en écrivant: « Cela démontre
bien l'aberration des dirigeants de QS d'exiger qu'Ottawa mette
au pas. N'est-ce pas dans le sillage sur les mesures de guerre de
triste mémoire?»(tout ce qui est excessif...) .Puis marchant dans les
traces de Martineau, Madame Bombardier évoque GND: « Gabriel
Nadeau-Dubois ,qui a besoin de micros et e caméras, s'est aussi
porté à la défense de la députée-poétesse Catherine Dorion de Québec
qui compare le troisième lien à une ligne de cocaïne. de la « marde » en
somme ». « la métaphore est originale et un peu osée...et c'est tant
mieux. Les gens sont tannés de la langue de bois »,
a-t-il tweeté.(curieuse réflexion d'un femme qui est une personnalité
médiatique depuis les années 1960).
Le multiculturalisme de Québec solidaire ... ».
Pas de traces d'indignation dans la
chronique de Mathieu Bock-Coté (MBC), pas de traces d'indignation parce
que nulle surprise. Pour MBC, le multiculturalisme de QS converge
idéologiquement avec le PLQ, cette convergence
avec le Parti libéral de Philippe Couillard ne pouvait que conduire QS
dans les bras de Justin Trudeau. Il écrit : "QS est d'abord et avant
tout un parti associé à la gauche radicale , une gauche radicale
allergique à tout ce qui touche l'identité québécoise
qui n'envisage l'indépendance du Québec qu'à condition de la soumettre à
toutes ses conditions idéologiques, et elles sont nombreuses. » Les
réflexions de MBC s'appliquent à la gauche radicale européenne et à une
partie du parti démocrate américain favorable
lui aussi à une plus grande ouverture des frontière aux immigrants.
Pour GND Le Québec et a une responsabilité envers les gens qui cherchent
à améliorer leur sort, à fuir la guerre ou les dérèglements
climatiques. Pas étonnant que Justin Trudeau et lui s'entendent
comme larrons en foire. Approfondissant son analyse, MBC en arrive à
la même conclusion que Joseph Facal, dans des termes à peine différents,
il écrit: » Nous sommes entrés dans une nouvelle époque politique
québécoise, ou le clivage traditionnel entre les
souverainistes et fédéralistes est partiellement remplacé par celui
entre les nationalistes et et multiculturalistes »
Au terme de ce tour d'horizon des
chroniques du Journal de Montréal du 17novembre sur les contacts QS, GND
et JustinTrudeau, notons que les deux pensées les plus fécondes sont
celles de Joseph Facal et Mathieu Bock-Coté.
Les deux prennent des chances en s'éloignant de la Pensée unique du
journalisme
mainstream, Richard Martineau et Denise Bombardier sont plus
conformistes et se souviennent de quel côté leur pain est beurré.
Revenons à Joseph Facal et Mathieu Bock-Coté, l 'un des deux a-t-il du
Maurras dans le nez et la volonté de devenir le grand penseur
nationaliste qui manque au Québec depuis le décès du chanoine Groulx.
Une constatation, si l'idée de trahison n'est jamais loin, aucun des
chroniqueurs, à l'exception Mathieu Bock Coté ne mentionne le fait que
GND n'a peut-être rien trahi, mais qu'il est demeuré
fidèle au programme de son parti et aux convictions profondes des
militants de QS. Les Québécois se sont-ils trop habitués à la corruption
libérale et au reniement de l'article 1 par le Parti Québécois pour
lire un programme politique et assumer que ses militants
sont sérieux et convaincus. Honte à nous et aux électeurs
indépendantistes de QS.
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