Wednesday, November 6, 2024

Qui contrôle?

 



Question qu’il convient de se poser suite à la publication nouveau guide sur l’antisémitisme par le gouvernement canadien. Comment critiquer l’État d’Israël sans basculer dans l’anti sémitisme; exercice périlleux tant il est difficile de faire la distinction entre les Juifs et l’entité sioniste (i.e. l’État d’Israël). L’exercice risque de devenir encore plus périlleux avec la publication du nouveau guide sur l’antisémitisme par le gouvernement canadien.
« Le manuel d’une cinquantaine de pages s’appuie sur la définition pratique de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA) - Une définition qui, selon plusieurs, confondrait l’antisémitisme et la critique de l’État d’Israël. Cette définition, qui regroupe plusieurs exemples de forme d’antisémitisme, inclut notamment le principe controversé du «traitement inégalitaire de l’État d’Israël».Selon ce principe, les critiques formulées à l’encontre d’Israël «qui différent de celles faites à l’encontre de tout autre pays […] pourraient être antisémites parce qu’elles sont discriminatoires».pour éviter de tomber dans l’anti sémitisme , il faut plutôt «critiquer Israël comme on critiquerait tout autre État» «Cela établit une limite selon laquelle certaines critiques envers Israël sont acceptables, mais introduit ensuite une zone floue, ou ces critiques pourraient être perçues comme injustes et discriminatoires», déplore Michael Buecert, le vice-président de Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient (CJPMO) en entrevue avec Le Devoir. Le guide précise que le traitement inégalitaire vis-à-vis d’Israël se traduit souvent par des «critiques disproportionnées, parfois obsessives, à l’endroit d’Israël par rapport d’autres pays». «Israël est le seul pays qui maintient une occupation illégale depuis 56 et le seul pays qui se livre actuellement à des actions génocidaires au Moyen Orient. (nous ne l’aurions pas dit autrement) Comment peut-on le critiquer de la même manière que l’on critique d’autres pays?» demande-t-il.
 

 
S’opposer à l’idéologie du sionisme, la croyance selon laquelle le peuple juif a droit à l’autodétermination en terre d’Israël, est aussi un acte antisémite, selon le guide. L’envoyée spéciale canadienne pour la préservation de l’Holocauste et la lutte contre l’antisémitisme, Deborah Lyons, rejette le fait que le nouveau guide soit une atteinte à la liberté d’expression. En entrevue avec Le Devoir , elle indique que le document constitue simplement une ressource «pédagogique» pour les Canadiens. « Je pense que ce sentiment extrême selon lequel cela va limiter la liberté d’expression est une réaction qui n’est vraiment pas basée sur une compréhension globale de la définition», estime -t-elle. Selon le gouvernement, le nouveau guide aura pour objectif de fournir des «recommandations pratiques»aux acteurs de divers domaines, tels les établissements scolaires, les milieux de travail et le système judiciaire. […]Il y a tout lieu de croire que dans le système judiciaire particulier, le guide sur l’antisémitisme ne perde rapidement son caractère de «ressource pédagogique» pour ce transformer en référence contraignante pour les magistrats siégeant dans les cours canadiennes afin d’éradiquer l’antisémitisme du Canada et de dompter définitivement les «mauvais sujets» remettant en cause les vertus de l’entité sioniste et de la «communauté élue». En plus de demander le retrait du document , le CJPMO réclame également le départ de Deborah Lyons à titre d’envoyée spéciale du Canada pour la préservation de la mémoire de l’Holocauste étal lutte contre l’antisémitisme. Cette dernière a été nommée par le premier ministre Justin Trudeau à l’automne 2023 pour un mandat de deux ans. En juin, le CJMPO publiait un rapport dans lequel il accusait Mme Lyons de diffuser «des affirmations fausses et malveillantes sur les militants propalestiniens»[…]Appelée à réagir , Deborah Lyons répond que «n’importe qui dans ce rôle ferait l’objet de critiques» et que son devoir est de défendre less intérêts de la communauté juive.»(Un nouveau guide canadien sur l’antisémitisme sème la controverse, Le Devoir, 4 novembre). La compréhension de son rôle par Mme Lyons a été résumée , il y a plus de deux siècles par Voltaire; ce dernier écrivait en effet: «Vous voulez savoir qui vous contrôle, regardez qui vous n’êtes pas autorisé à critiquer.» Nous savons maintenant qui nous ne pouvons critiquer , cela signifie-t-il que nous savons qui nous contrôle? Posez la question, c’est y répondre. Cependant, en posant la question est-ce que nous n’entrons nous pas justement dans le champ magnétique du guide sur l’antisémitisme?

No comments:

Post a Comment