Question qu’il convient de se poser suite à la publication nouveau guide sur l’antisémitisme par
le gouvernement canadien. Comment critiquer l’État d’Israël sans
basculer dans l’anti sémitisme; exercice périlleux tant il est difficile
de faire la distinction entre les Juifs et l’entité sioniste (i.e.
l’État d’Israël). L’exercice risque de devenir encore plus périlleux
avec la publication du nouveau guide sur l’antisémitisme par le gouvernement canadien.
« Le
manuel d’une cinquantaine de pages s’appuie sur la définition pratique
de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de
l’Holocauste (IHRA) - Une définition qui, selon plusieurs, confondrait
l’antisémitisme et la critique de l’État d’Israël. Cette définition, qui
regroupe plusieurs exemples de forme d’antisémitisme, inclut notamment
le principe controversé du «traitement inégalitaire de l’État
d’Israël».Selon ce principe, les critiques formulées à l’encontre
d’Israël «qui différent de celles faites à l’encontre de tout autre pays
[…] pourraient être antisémites parce qu’elles sont
discriminatoires».pour éviter de tomber dans l’anti sémitisme , il faut
plutôt «critiquer Israël comme on critiquerait tout autre État» «Cela
établit une limite selon laquelle certaines critiques envers Israël sont
acceptables, mais introduit ensuite une zone floue, ou ces critiques
pourraient être perçues comme injustes et discriminatoires», déplore
Michael Buecert, le vice-président de Canadiens pour la justice et la
paix au Moyen-Orient (CJPMO) en entrevue avec Le Devoir.
Le guide précise que le traitement inégalitaire vis-à -vis d’Israël se
traduit souvent par des «critiques disproportionnées, parfois
obsessives, à l’endroit d’Israël par rapport d’autres pays». «Israël est
le seul pays qui maintient une occupation illégale depuis 56 et le seul
pays qui se livre actuellement à des actions génocidaires au Moyen
Orient. (nous ne l’aurions pas dit autrement) Comment peut-on le
critiquer de la même manière que l’on critique d’autres pays?»
demande-t-il.
S’opposer
à l’idéologie du sionisme, la croyance selon laquelle le peuple juif a
droit à l’autodétermination en terre d’Israël, est aussi un acte
antisémite, selon le guide. L’envoyée spéciale canadienne pour la
préservation de l’Holocauste et la lutte contre l’antisémitisme, Deborah
Lyons, rejette le fait que le nouveau guide soit une atteinte à la
liberté d’expression. En entrevue avec Le Devoir , elle indique que le
document constitue simplement une ressource «pédagogique» pour les
Canadiens. « Je pense que ce sentiment extrême selon lequel cela va
limiter la liberté d’expression est une réaction qui n’est vraiment pas
basée sur une compréhension globale de la définition», estime -t-elle.
Selon le gouvernement, le nouveau guide aura pour objectif de fournir
des «recommandations pratiques»aux acteurs de divers domaines, tels les
établissements scolaires, les milieux de travail et le système
judiciaire. […]Il y a tout lieu de croire que dans le système judiciaire
particulier, le guide sur l’antisémitisme ne perde rapidement
son caractère de «ressource pédagogique» pour ce transformer en
référence contraignante pour les magistrats siégeant dans les cours
canadiennes afin d’éradiquer l’antisémitisme du Canada et de dompter
définitivement les «mauvais sujets» remettant en cause les vertus de
l’entité sioniste et de la «communauté élue». En
plus de demander le retrait du document , le CJPMO réclame également le
départ de Deborah Lyons à titre d’envoyée spéciale du Canada pour la
préservation de la mémoire de l’Holocauste étal lutte contre
l’antisémitisme. Cette dernière a été nommée par le premier ministre
Justin Trudeau à l’automne 2023 pour un mandat de deux ans. En juin, le
CJMPO publiait un rapport dans lequel il accusait Mme Lyons de diffuser
«des affirmations fausses et malveillantes sur les militants
propalestiniens»[…]Appelée à réagir , Deborah Lyons répond que
«n’importe qui dans ce rôle ferait l’objet de critiques» et que son
devoir est de défendre less intérêts de la communauté juive.»(Un nouveau
guide canadien sur l’antisémitisme sème la controverse, Le Devoir,
4 novembre). La compréhension de son rôle par Mme Lyons a été résumée ,
il y a plus de deux siècles par Voltaire; ce dernier écrivait en effet:
«Vous voulez savoir qui vous contrôle, regardez qui vous n’êtes pas
autorisé à critiquer.» Nous savons maintenant qui nous ne pouvons
critiquer , cela signifie-t-il que nous savons qui nous contrôle? Posez
la question, c’est y répondre. Cependant, en posant la question est-ce
que nous n’entrons nous pas justement dans le champ magnétique du guide sur l’antisémitisme?
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