La
question de l’ingérence chinoise dans la vie politique canadienne est
sur toutes les lèvres. Les Canadiens se demandent quelle est son
importance? Ils se demandent aussi que savait le gouvernement de Justin
Trudeau? La Chine a-t-elle significativement pesé sur les résultat des
élections canadiennes de 2019 et 2021? «Le gouvernement libéral
n’aurait pas assez fait pour défendre démocratie canadienne face à
l’intrusion chinoise durant les élections de 2021, selon un ancien
ambassadeur du Canada en Chine et un ancien directeur du Service
canadien du renseignement de sécurité (SCRS). Dans un article publié
vendredi, le journal The Globe and Mail a mis au jour le
stratagème employé par Pékin lors des dernières élections au Canada.
Des documents du SCRS , sur lesquels le quotidien a mis la main, font
état de la pression exercée par le régime chinois, notamment par des
campagnes de désinformation, pour faire élire un gouvernement libéral
minoritaire et mettre à l’écart certains candidats conservateurs.»
(Ingérence de Pékin dans les élections: des experts dénoncent le laxisme
de Trudeau, Radio-Canada, 18 février).«Quand j’étais
ambassadeur, on savait qu’il avait de l’interférence parce que, par
exemple, le consulat chinois à Toronto approchait un ministre du
gouvernement libéral ontarien pour qu’il lui demande d’intervenir auprès
d’un député fédéral pour qu’il n’aille pas en visite à Taïwan»a-t-il
expliqué.
«Il
y a beaucoup d’insatisfaction au sein du SCRS devant le peu d’actions
du gouvernement fédéral. Parce que ça fait plusieurs années qu’ ils
sonnent l’alarme.»
Guy Saint-Jacques, ancien ambassadeur du Canada en Chine
Faut-il attribuer à cette insatisfaction, le fait que The Globe and Mail ait
disposé de documents du SCRS. Institution jouant habituellement profil
bas, faut-il conclure que de guerre lasse des responsables du SCRS ont
choisi de «fuiter» ces documents afin d’alerter les Canadiens sur les
manoeuvre chinoises. «À la lumière des allégations «extraordinairement
graves» et en raison du sérieux de l’enjeu, l’enquête ne devrait pas
être laissée « aux institutions du Parlement ou l’alliance libéraux-NPD
est majoritaire», une enquête indépendante s’impose, a plaidé en
entrevue le chef bloquiste, Yves-François Blanchet . «On est dans le
fondement même de notre démocratie, et tant mieux pour le premier
ministre si ce n‘est pas prouvable dans l’absolu que ça a pu faire
changer un comté de bord ou pas, mais il ne peut affirmer que ça n’a pas
eu d’incidence. On ne peut pas la mesurer , mais c’est sur que ça fait
de quoi», at-il tranché.» Sans rejeter catégoriquement cette demande, le
premier ministre Trudeau ne la pas non plus embrassée. Le premier
ministre s’était déjà montré irrité par des articles publiés il y a un
peu plus d’une semaine par le Globe and Mail, sur la foi
de fuites en provenance du SCRS au sujet de l’ingérence chinoise
présumée.Dans une démocratie, il ne revient pas à des responsables
[d’agences de renseignement] non élus de dicter aux partis politiques
qui peut se présenter ou pas», et avancer dans les médias que de telles
pratiques ont cours est «non seulement faux, mais aussi dommageable pour
la confiance de la population» a-t-il martelé. Dans son reportage,
Global News rapporte que le Parti communiste chinois aurait manoeuvré
pour favoriser la victoire de Han Dong à l’investiture comme candidat
libérale que le SCRS aurait conseillé à l’entourage de Justin Trudeau de
révoquer sa candidature à l’élection de 2019.» (une enquête
indépendante et publique réclamée , La Presse, 27
janvier). Justin Trudeau finira-t-il par se rendre à la demande du Bloc
Québécois et du NPD? l’avenir nous le dira. Pour l’heure, il nous suffit
de savoir que le député Han Dong fait toujours parti du caucus du Parti
libéral du Canada. Honorable Sino-Canadien qui a droit à la présomption
d'innocence ou taupe du Parti communiste chinois? La légèreté avec
laquelle Justin Trudeau traite cette affaire d’ingérence est à
rapprocher de la légèreté avec laquelle il a traité l’affaire des postes
de police chinois illégaux installés au Canada.
Il
est vrai que la relation Justin Trudeau-Chine demeure marquée par une
profonde ambiguïté. Justin Trudeau ne reconnaissait-il pas, en 2013, son
admiration pour la Chine: «J’ai un certain niveau d’admiration pour la
Chine , parce que leur dictature leur permet de faire un virage
économique soudain» a déclaré M.Trudeau.» (Une déclaration controversée
de Justin Trudeau, Radio-Canada, 8 novembre 2013).
Est-ce cette admiration pour la Chine qui explique l’inaction de Justin
Trudeau dans le dossier de l’ingérence chinoise dans les élections
canadiennes? Il ne faut pas accorder une trop grande importance à la
nomination d’un Rapporteur spécial chargé d’enquêter sur toute cette
histoire, la tablette sur laquelle se retrouvera son rapport est
probablement déjà trouvée.
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