Monday, January 20, 2020

Quid du Parti conservateur canadien?


Le chroniqueur Mathieu Bock-Côté (MBC)pose la question qui tue:» À quoi sert le Parti conservateur? (Journal de Montréal, 18 janvier).
Il pose le problème sans faux-fuyants lorsqu'il demande:» [...] à quoi sert le Parti conservateur? Quelle est sa vision du monde? N'est-il qu'une version allégée du Parti libéral, confessant un faible pour l'exploitation pétrole albertain?»
Poursuivant sa réflexion, il écrit: «De manière simpliste , on a tendance à divisibles conservateurs en deux courants . D'un côté, il y aurait les conservateurs économiques, soucieux de réduire la taille de l'État. De l'autre, il y aurait les conservateurs sociaux, voulant encadrer d'une manière ou d'une autre les moeurs au nom d'une orale «religieuse». Probablement pour résumer la position des conservateurs sociaux, MBC nous semble aller un peu vite en affaires. Il nous apparaît que c'est moins au nom d'une morale «religieuse»que de la connaissance et du respect de la morale naturelle que se mobilisent les conservateurs sociaux. L'histoire du Québec fait que c'est l'Église catholique qui s'est faite l'interprète de cette morale naturelle chez nous, de là peut-être l'utilisation du terme «religieux., réducteur dans les circonstances.  



Notons d'emblée, que le sort et l'avenir du Parti conservateur du Canada (PCC) nous indiffèrent, nous le laissons à ses Peter MacKay, Pierre Poilievre et à ceux qui tiennent à en diriger les dépouilles. Dans le contexte canadien, MBC soulève des questions intéressantes, parlant des conservateurs, il se demande:»Peuvent-ils imaginer une remise en question du multiculturalisme et de l'immigration massive? Sont-ils capables de critiquer le gouvernement des juges? Il y a une demande politique pour cela au Canada. Mais l'offre est absente. En d'autres termes, sommes-nous devant un parti gestionnaire qui prétend seulement mieux savoir compter que le PLC ou sommes-nous devant un parti porteur d'une autre vision du Canada?» La réponse s'impose d'elle-même à la lecture de l'histoire canadienne, les conservateurs et, avant eux, les progressistes conservateurs n'ont guère d,autre ambition que de prendre ou reprendre les pouvoir aux libéraux en attendant le jour ou ils feront face aux néo-démocrates.  
Un autre conservatisme canadien est-il possible? Une dose de «populisme» pourrait-elle donner un peu d'oxigène au PCC avec fermeture des frontières à l'immigration et retour aux politiques d'immigration canadiennes d'avant Trudeau (père) afin de favoriser une immigration européenne (encore qu'avec les changements démographiques que connait l'Europe...).  Le PCC pourrait aussi répudier le Canada post national de Justin Trudeau et tenter de définir l'identité canadienne (culture occidentale, économie de marché, valeurs chrétiennes, etc.). Intellectuellement, le conservatisme a des penseurs dont il n'a pas à rougir, un  Edmund Burke soutient très bien la comparaison avec les penseurs des Lumières et de la Révolution française. Plus près de nous, les conservateurs canadiens pourraient s'inspirer des travaux d'un Roger Scruton, essayiste britannique décédé récemment (le12 janvier) Pour Pierre Norris , étudiant à la maîtrise en science politique à l'UQUAM, l'originalité de Scruton résidait «dans son refus du capitalisme sauvage : s'il croyait à la supériorité du marché libre sur le socialisme, il croyait aussi que ce marché n'était pas une fin en soi. il aimait rappeler que le mot « économie » vient du grec oikonomia, c'est à dire la gestion de la maison, la protection du chez soi, l'entretien d'un monde de valeurs. Cela lui permettait  d'envisager l'écologie dans une perspective conservatrice: à ses yeux , il s'agissait moins de refonder la société par le haut que de la préserver.» « Il passa surtout les années 1980 à construire un réseau d'éducation souterrain en Tchécoslovaquie, en Hongrie et en Pologne, en donnant des cours et distribuant des livres interdits à une génération d'intellectuels qui cherchaient à dépasser le communisme. Cette expérience particulière lui fit voir la chute du «rideau de fer» non pas comme la victoire de la société libre et ouverte (la prétention d'un George Soros), mais comme celles de peuples attachés à leur religion, à leurs nation et à leurs racines.(Roger Scruton 1944-2020: l'originalité de Scruton résidait dans son refis du capitalisme sauvage, Le Devoir, 17 janvier). Les nationalistes québécois pourraient s'inspirer avec profit de l'oeuvre de Roger Scruton, réappropriation de notre héritage catholique central à notre identité, réappropriation de nos racines européennes, françaises et donc gréco-latines. Plus largement, nous devons redécouvrir la richesse de la civilisation occidentale, capable du meilleur et du pire, capable d'abolir l'esclavage, mais aussi d'être la matrice du communisme. Ce qu'il défendre, ce n'est le marché, mais un art de vivre et une douceur de vivre.  Art de vivre à travers la défense de l'identité de sexe et répudiation de l'identité de genre de la liberté menacée une nouvelle fois par des totalitarismes, climatiques, etc..  Douceur de vivre car , il n'est pas vrai qu'une société qui accepte les avortements tardifs soit vraiment une société humaine digne de ce nom. 
Pour répondre simplement à MBC, il faut bien conclure que si les Conservateurs ne sont pas en mesure d'offrir une véritable alternative aux Libéraux, ils n'ont aucune utilité.  Ils en auront d'autant moins s'ils inclinent à renouer avec leurs passé progressiste-conservateur. s'il ne ressaisit pas, la disparition du Parti conservateur est souhaitable. Cette disparition permettrait peut-être aux "vrais » conservateurs d'envisager la constitution d'un véritable parti conservateur au Canada, encore que.... Hypothèse, ces « vrais » conservateurs seraient probablement coiffés au poteau par des libertariens du style Maxime Bernier. 

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