Saturday, February 10, 2024

Boussole perdue

 




Journalistes, chroniqueurs et humoristes n’ont pas manqué de commenter la boussole perdue de François Legault. Une boussole perdue qui semble aussi être celle de la Coalition avenir Québec (CAQ), tant il est vrai que la CAQ doit être considérée comme la chose de François Legault, il est normal qu’elle «plonge» avec lui. 
Faut-il maintenant, non plus simplement parler de boussole perdue, mais carrément de boussole en folie?
 

 
 
C’est la conviction qui s’impose devant la plus récente proposition de François Legault. Son intention de renoncer au «financement privé» (ce que François Legault appele curieusement par l’expression «financement privé» est ce que la population québécoise connaît depuis 1977, sous le nom de «financement populaire»découle de l’adoption cette année là de la Loi sur le financement des partis politiques par le gouvernement Lévesque) apparaît comme une réaction improvisée à l’«histoire» de l’accès aux ministres de la CAQ pour la somme de 100$.  Renonçant au «financement populaire», François Legault annonce aux Québécois que la CAQ va se contenter du financement public.Non content de parler pour la CAQ, l’annonce de la renonciation de François Legault au «financement populaire» était accompagnée du même souffle par la suggestion-invitation de Legault de faire de même aux autres partis politiques du Québec. 
 Constatons cyniquement que la CAQ se contentera de 6 382 546, 71$ en 2024. Pour ce faire une idée juste de ce que la  «renonciation» au financement populaire pourrait représenter pour les autres partis représentés à l’Assemblée nationale; il faut savoir que le Parti libéral du Québec recevra 3 898 627,04 $ du Directeur des élections du Québec; le Parti Québécois ayant droit pour sa part a 2 802 815,46$; Québec solidaire devant se contenter de 2 688 779.46$ refinancement public.
La conception qu’a François Legault de la vie démocratique est pour témoins surprenante. Qu’elle serait cette vie démocratique avec des partis accrochés aux mamelles de l’État. La vie démocratique se trouverait figée à la situation générée par les résultats de la dernière élection générale; base de calcul utilisée par le Directeur général des élections du Québec. La proposition faite par François Legault aurait probablement pour effet d’«éteindre» les partis politiques existants. Pourquoi s’activer et chercher à susciter le militantisme des membres du parti? Le financement populaire étant l’un des indicateurs les plus fiables du dynamisme d’un parti (autant par l’enthousiasme des membres acceptant la tâche  ingrate de solliciter les dons que par la générosité des membres donateurs). La proposition Legault conduit d’ailleurs à se demander s’il existe une telle chose qu’une «base militante» à la CAQ? La proposition Legault dans la mesure ou elle constitue une attaque en règle contre la Loi sur le financement des partis politiques nous ramènerait  aux plus tristes jours des gouvernements Duplessis.
 

 
 
Plus pratiquement, la proposition Legault est un véritable croc-en-jambe fait au Parti Québécois (PQ),(Abolition du financement populaire de partis politiques: «un piège tendu» au PQ, selon une experte, Journal de Québec, 1er février), la remontée de ce dernier dans les intentions de vote préfigure probablement une fructueuse campagne de financement pour la formation de Paul Saint-Pierre-Plamondon. Gonflés à bloc par les excellents résultats des derniers sondages. Les membres donateurs n’hésiteront pas à plonger la main dans leurs goussets  et constituant ainsi un appréciable trésor de guerre dans la perspective de l’élection générale de 2026. Autre conséquence prévisible de la proposition Legault; son adoption constituerait un frein à l’émergence de nouveaux partis absents du précédent scrutin général, ils ne pourraient compter sur la manne publique pour prendre sur envol. Ne pouvant compter sur le «financement populaire» pour espérer décoller et faire campagne.
Autre conséquence à laquelle, François Legault n’a probablement pas pensé; la fin du financement populaire pourrait avoir des conséquences pour la vie politique municipale: «les dons des particuliers sont «absolument nécessaires» pour que les nouveaux candidats sur la scène municipale puissent se faire connaître, «sinon les vieux partis et les candidats en place auront un avantage stratégique majeur» a plaidé  M. Damphousse, qui est aussi maire de Varennes (Martin Damphousse est aussi président de l’Union des municipalités du Québec, NDA). «Tout le monde est unanime sur ça», a-t-il assuré.» (Mettre fin au financement populaire pourrait nuire à la démocratie municipale, La Presse, 4 février). La disparition du financement populaire sur la scène municipale annoncerait-elle l’apparition de petits Gilles Vaillancourt faisant preuve de créativité et d’inventivité afin de foncer l’existence de leur formations politiques.

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