Journalistes,
chroniqueurs et humoristes n’ont pas manqué de commenter la boussole
perdue de François Legault. Une boussole perdue qui semble aussi être
celle de la Coalition avenir Québec (CAQ), tant il est vrai que la CAQ
doit être considérée comme la chose de François Legault, il est normal
qu’elle «plonge» avec lui.
Faut-il maintenant, non plus simplement parler de boussole perdue, mais carrément de boussole en folie?
C’est
la conviction qui s’impose devant la plus récente proposition de
François Legault. Son intention de renoncer au «financement privé» (ce
que François Legault appele curieusement par l’expression «financement
privé» est ce que la population québécoise connaît depuis 1977, sous le
nom de «financement populaire»découle de l’adoption cette année là de la
Loi sur le financement des partis politiques par le
gouvernement Lévesque) apparaît comme une réaction improvisée à
l’«histoire» de l’accès aux ministres de la CAQ pour la somme de 100$.
Renonçant au «financement populaire», François Legault annonce aux
Québécois que la CAQ va se contenter du financement public.Non content
de parler pour la CAQ, l’annonce de la renonciation de François Legault
au «financement populaire» était accompagnée du même souffle par la
suggestion-invitation de Legault de faire de même aux autres partis
politiques du Québec.
Constatons
cyniquement que la CAQ se contentera de 6 382 546, 71$ en 2024. Pour ce
faire une idée juste de ce que la «renonciation» au financement
populaire pourrait représenter pour les autres partis représentés à
l’Assemblée nationale; il faut savoir que le Parti libéral du Québec
recevra 3 898 627,04 $ du Directeur des élections du Québec; le Parti
Québécois ayant droit pour sa part a 2 802 815,46$; Québec solidaire
devant se contenter de 2 688 779.46$ refinancement public.
La
conception qu’a François Legault de la vie démocratique est pour
témoins surprenante. Qu’elle serait cette vie démocratique avec des
partis accrochés aux mamelles de l’État. La vie démocratique se
trouverait figée à la situation générée par les résultats de la dernière
élection générale; base de calcul utilisée par le Directeur général des
élections du Québec. La proposition faite par François Legault aurait
probablement pour effet d’«éteindre» les partis politiques existants.
Pourquoi s’activer et chercher à susciter le militantisme des membres du
parti? Le financement populaire étant l’un des indicateurs les plus
fiables du dynamisme d’un parti (autant par l’enthousiasme des membres
acceptant la tâche ingrate de solliciter les dons que par la générosité
des membres donateurs). La proposition Legault conduit d’ailleurs à se
demander s’il existe une telle chose qu’une «base militante» à la CAQ?
La proposition Legault dans la mesure ou elle constitue une attaque en
règle contre la Loi sur le financement des partis politiques nous ramènerait aux plus tristes jours des gouvernements Duplessis.
Plus
pratiquement, la proposition Legault est un véritable croc-en-jambe
fait au Parti Québécois (PQ),(Abolition du financement populaire de
partis politiques: «un piège tendu» au PQ, selon une experte, Journal de Québec,
1er février), la remontée de ce dernier dans les intentions de vote
préfigure probablement une fructueuse campagne de financement pour la
formation de Paul Saint-Pierre-Plamondon. Gonflés à bloc par les
excellents résultats des derniers sondages. Les membres donateurs
n’hésiteront pas à plonger la main dans leurs goussets et constituant
ainsi un appréciable trésor de guerre dans la perspective de l’élection
générale de 2026. Autre conséquence prévisible de la proposition
Legault; son adoption constituerait un frein à l’émergence de nouveaux
partis absents du précédent scrutin général, ils ne pourraient compter
sur la manne publique pour prendre sur envol. Ne pouvant compter sur le
«financement populaire» pour espérer décoller et faire campagne.
Autre
conséquence à laquelle, François Legault n’a probablement pas pensé; la
fin du financement populaire pourrait avoir des conséquences pour la
vie politique municipale: «les dons des particuliers sont «absolument
nécessaires» pour que les nouveaux candidats sur la scène municipale
puissent se faire connaître, «sinon les vieux partis et les candidats en
place auront un avantage stratégique majeur» a plaidé M. Damphousse,
qui est aussi maire de Varennes (Martin Damphousse est aussi président
de l’Union des municipalités du Québec, NDA). «Tout le monde est unanime
sur ça», a-t-il assuré.» (Mettre fin au financement populaire pourrait
nuire à la démocratie municipale, La Presse, 4 février).
La disparition du financement populaire sur la scène municipale
annoncerait-elle l’apparition de petits Gilles Vaillancourt faisant
preuve de créativité et d’inventivité afin de foncer l’existence de leur
formations politiques.
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