Thursday, April 4, 2019

Pour un changement de perspective


L'administration américaine revient à la charge, cette fois, c'est l'Allemagne qui sert de clou et le vice-président Mike Pence qui sert de marteau.  Ce dernier accuse l'Allemagne de comportement « inacceptable » parce que cette dernière refuse de hausser son budget militaire à 2% de son PIB et se montre favorable au gazoduc russe (OTAN: Mike Pence juge « inacceptable »l'attitude de l'Allemagne, La Presse, 3 mars). On reconnaîtra un des mantras de la politique étrangère de Donald Trump accusant volontiers les membres de l'OTAN de «profiter» de la générosité américaine et de la protection de l'Oncle Sam sous le couvert d'une alliance militaire.  Réflexion digne d'un boutiquier et d'un ignare.



Les membres européens de l'OTAN, première manière(le Royaume Uni, la France, l'Allemagne de l'Ouest, la Belgique, les Pays-Bas, les pays scandinaves moins la Danemark  et Norvège) n'ont pas « profiter » de la protection américaine. Pendant un demi-siècle, ils ont servi de glacis à l'Amérique. C'est dans les plaines allemande et française que se seraient précipités les blindés du pacte de Varsovie.  Ce sont les villes et les civils européens se remettant à peine de la Seconde guerre mondiale qui auraient subis les bombardements de l'aviation soviétique. Il faut aussi se demander comment appeler des alliés qui sont arrivés comme des libérateurs en 1945, mais ne sont jamais véritablement repartis depuis, des occupants? Ce que les Trump et Pence de ce monde demande aux Européens, c'est d'acquitter la note des frais d'occupation. En acceptant le risque de servir de «bouclier» aux États-Unis et en permettant à ces derniers organiser leur riposte et de préserver leurs populations civiles , les Pays européens ont largement payé le coût de leur défense. Les pays européens n'ont pas « profité » des États-Unis.  Il serait peut-être exagéré d'écrire que les États-Unis ont «profité» des pays européens, mais il faut peut-être creuser l'idée. Consommateurs de matériel militaire américains pendant des décennies, les pays européens ont laissé sur l'autel de l'OTAN, le développement de leurs industries aéronautiques. Pas de contreparties pour les achats de chasseurs North American, Lockheed, General Dynamics, etc. au fil des ans, dernier en date de ces marchés de dupes, Le « marché du siècle » en 1975.  les Français ont réussi à développer la série des Mirage et, dans un autre registre, les blindés Leclerc. les Anglais et les Italiens ont maintenu à bout de bras une industrie aéronautique militaire pendant quelques années, mais en devant se contenter de pays du Tiers Monde comme seuls clients. 

Il est possible d'appliquer la même logique au Canada, la Création du NORAD en 1957 visait elle aussi à «protéger» l'espace aérien américain, c'est au-dessus de l'espace aérien canadien que bombardiers et missiles soviétiques se seraient déployés pour atteindre les villes du Mid-West américain et briser la puissance économique de l'Oncle Sam. Disposant ainsi de victimes consentantes au jeu de massacre d'une guerre conventionnelle et, peut-être d'une guerre nucléaire, le prix payé par les américains est finalement assez peu élevé. Il ne faudrait pas l'oublier alors que certains manoeuvrent pour nous engager dans une deuxième guerre Froide en diabolisant la Russie de Vladimir Poutine et en multipliant les provocations, les va-t'en guerre d'avant 1939 étaient qualifiés de bellicistes,  le terme pourraient resservir pour une Chrysta Freeland. Les opposants à la guerre en 1939 avaient lancé un slogan entré dans les livres d'histoire, »Mourir pour Dantzig» pour faire connaître leur volonté de ne pas mourir pour la ville et le couloir de Dantzig, objet d'un contentieux entre l'Allemagne et la Pologne et ses alliés franco-britanniques. Nous pourrions à notre tour lancer «mourir pour le Donbass» afin de faire connaître notre volonté de ne pas être partie prenante aux accrochages entre Russes et Ukrainiens.Et de ne pas nous trouver à une guerre ou il n'y a aucun enjeu canadien en cause.

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