Saturday, April 27, 2019

Le démocrate de salon


Du haut de sa chaire de chroniqueur au Journal de Montréal, Richard Martineau a décidé de donner une leçon de «démocratisme» et de courage politique à ceux qu'il qualifie de « révolutionnaires de salon » (Les Révolutionnaires de salon, Journal de Montréal, 23 avril).  À qui s'en prend-il au fait, il s'en prend aux révolutionnaires et antifascistes qui traitent de fascistes certains chefs d'État démocratique «  lus" plutôt que de s'en prendre à de vrais chefs d'État autoritaires ou « fascistes ». Il prend la peine mentionner la Turquie d'Erdogan et la Corée du Nord de Kim Jong Un, passant rapidement sur le fait que le premier est d'abord un politicien conservateur islamiste et le second l'héritier de la première et de la seule monarchie communiste au monde. "Pourquoi ne pas aller dénoncer les vrais dictateurs chez eux, dans leurs pays , au lieu d'attaquer Trump ou François Legault. Simple: parce que dans les vrais dictatures , il n'y a aucune liberté d'expression! Parce que dans les vraies dictatures , les militants antifascistes sont arrêtés et envoyés en prison. Lorsque tu vis dans une démocratie, tu peux dire tout ce que tu veux et attaquer qui tu veux sans aucune crainte, car la loi protège ta liberté d'expression. Tu ne risques absolument rien, tu as tous les avantages.» Nous pourrions suggérer certains thèmes de chroniques à Richard Martineau, thèmes qui lui permettraient de vérifier rapidement les limites de cette liberté d'expression qu'il porte aux nues.
 
 Martineau, toujours en froid avec les définitions, précise rarement le sens des mots qu'il utilise dans ses chroniques.
 
 
 
Dans sa charge contre les « révolutionnaires de salon », il évoque avec admiration les démocrates qui entre 1936 et 1939 se sont rendus en Espagne, alors théâtre d'une guerre civile entre Républicains et nationalistes du général Franco. Il écrit «Il fut un temps ou les militants antifascistes avaient du courage. Ils sont sautés dans le premier avion», Passons sur l'anachronisme, c'est en bateau et en train que les volontaires gagneront la France, puis de Paris, ils gagneront l'Espagne par train.  Erreur mineure que l'on mettra au crédit de l'enthousiasme de Martineau pour ces vrais « antifascistes combattants ».  Impardonnable par contre, le silence de Martineau sur l'appartenance politico-idéologique de ces volontaires. Ils ne se rendaient pas en Espagne en touristes et en dilettantes, mais combattaient en Espagne soigneusement encadrés dans les « Brigades internationales » levées par l'Union soviétique et les Partis communiste locaux. Il faut rappeler que l'Union Soviétique et les partis communistes locaux de l'époque qui font alors allégeance au Komintern (l'Internationale Communiste) sont en plein stalinisme. L'admiration de Martineau va donc paradoxalement à des démocrates inspirés par l'idéologie d'un Kim Jong Un (le communisme stalinien). Hier comme aujourd'hui, les antifascistes sont des « idiots utiles, hier du communisme international, aujourd'hui du conformisme progressiste ambiant. Dernier coup de chapeau du chroniqueur à ces idiots utiles: « Ils ont risqué leur vie sur les lieux même ou l'histoire se faisait. » 
 
 
 
Autre source d'inspiration que propose Martineau à ces « révolutionnaires de salon », Régis Debray partant avec Ernesto Che Guevara pour la Bolivie en 1967 pour allumer des foyers de guérilla castristes, nous nageons là aussi en plein paradoxe, ce que Régis Debray proposait en définitive aux paysans boliviens, c'était un régime communiste à la cubaine. Quelques années après son retour en France, Debray deviendra Chargé de mission pour les relations internationales de François Mitterand, peut-être; est-ce là l'ambition ultime de Martineau, devenir conseiller du Prince, l'homme  a l'étoffe d'un courtisan. Richard Martineau a les héros qu'il peut ou veut avoir, il aurait sérieusement intérêt à revoir ces manuels d'histoire avant de chroniquer. Les modèles qu'il propose à ses lecteurs et éventuels révolutionnaires de salon sont surtout des figures emblématiques de la plus pauvre mythologie de la gauche occidentale. Prétendant jouer au « rebelle de droite » dressé contre le progressisme ambiant, dans ce cas, Martineau a tout faux et il peut difficilement cacher ses débuts de carrière journalistique au progressiste hebdomadaire Voir, Avis au chroniqueur, avant de virer sa cuti, il est préférable de bien s'assurer que sa mue est bien complétée, jusque là, mieux vaut se taire. 
 
 
Pour l'heure Richard Martineau et sa conjointe, Sophie Durocher ne sont guère plus que des « bobos » qui prend une pose de droite pour se distinguer au sein de l'intelligentsia montréalo-platoïde. Après avoir ainsi sermonné ceux qu'Ils considèrent comme des « révolutionnaires de salon », nous attendons la chronique ou il nous annoncera son départ de « d'héroïque démocrate combattant «  pour Ankara, Hanoï ou Pyong Yang. Parions que comme les « révolutionnaires de salon » qu'il dénonce. Martineau en « démocrate en peau de lapin » qu'il est restera confortablement assis dans sa chaise berçante et continuera de pontifier devant son ordinateur

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