Brian
Mulroney vient de s’éteindre. Comme c’est la coutume; tout ce qui
grouille et grenouille dans les salles de rédaction tient à y aller de
son topo et de son papier. Même réflexe dans la classe politique. Tous
se bousculent pour tresser des couronnes de laurier au défunt, oubliées
les inimitiés d’hier, pour un peu, ils arriveraient à nous convaincre
qu’ils ont gardé les cochons. La mort fait des miracles, les voilà tous
copains comme cul et chemise. ce copinage posthume nous vaut quelques
perles qui méritent d’être relevées.
Ainsi, pour le chroniqueur Guillaume St-Pierre, Brian Mulroney était du bon côté de l’histoire(Du bon côté de l’histoire, Journal de Montréal,
29 février). Sentiment personnel, il n’y a pas l’épaisseur d’une
feuille de papier entre le «bon côté de l’histoire» de Guillaume
St-Pierre et le «sens de l’histoire» des marxistes. Le chroniqueur se
fend d’une énumération des initiatives du «p’tit gars de Baie-Comeau»
qui démontrent qu’il était du «bon côté de l’histoire»: «Brian Mulroney a
répondu présent pour lutter contre un des fléaux des années 1980, les
pluies acides. Sous son impulsion, s’est ensuivie la signature d’un
distraits environnementaux les plus réussis de l’histoire. Comme quoi on
peut être conservateur et faire de grandes choses en environnement…»
«Puis
il y a eu le fameux traité de libre-échange avec les États-Unis, très
populaire au Québec, mais beaucoup moins dans le reste du pays
l’époque.»
Ce
ne sont là que des billevesées de peu de poids. Le grand coup de
Guillaume St-Pierre est encore à venir: «Il y a eu la lutte contre
l’apartheid en Afrique du Sud. Dès sa sortie de prison, Nelson Mandela a
visité le Canada pour nous en remercier. Dans cette affaire, Brian
Mulroney a mis ses talents de diplomate à l’oeuvre. Il a agi contre les
volontés de ses amis conservateurs Margaret Thatcher et Ronald Reagan.
Brian Mulroney s’est placée bon côté de l’histoire, par principe.» Les
amis conservateurs de Brian Mulroney n’étaient que conservateurs, Brian
Mulroney était lui, «progressiste»-conservateur. Il est d’ailleurs
intéressant de constater que parmi ceux qui s’empressent de ceindre le
front du défunt, les «progressistes» figurent au premier rang. Ainsi,
Valérie Plante, figure de proue du progressisme québécois a déclaré:
[…]«Nous nous souviendrons aussi de ses prises de position notoires
contre l’apartheid en Afrique Sud […]» («Un homme foncièrement bon»: la
classe politique rend hommage à Brian Mulroney, TVA Nouvelles,
29 février). L’autre figure de proue du progressisme québécois, Gabriel
Nadeau-Dubois répond présent en déclarant pour sa part: «Au nom de ma
formation politique , j’offre toute mes condoléances aux proches de
Brian Mulroney, un québécois qui a donné une grande partie de sa vie à
la chose publique. Son combat pour les droits humains en Afrique du Sud a
été une grande marque de courage»a de son côté dit le co-porte-parole
de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois.» («J’étais tellement
chanceuse d’être sa fille», La Presse, 29 février).
Le
combat pour les droits humains en Afrique du Sud ne semble pas inclure
le fermiers blancs sud-africains (des fermiers blancs assassinés au cri
de «Tuez le Boer»). les Brian Mulroney, Valérie Plante et
Gabriel-Nadeau-Dubois préféraient et préfèrent garder le silence sur le
massacre dont ces derniers sont les victimes et sur la violence qui
caractérise l’Afrique du Sud post-apartheid. Une Afrique du Sud qui
grâce aux Brian Mulroney de ce monde a échappé à un régime raciste blanc
pour un régime raciste noir celui-là.
Devant
ce choeur de pleureuses, un ami me rappelle cette réflexion prêtée à
Henri III de France devant la dépouille de son rival Henri de Guise:
«Mon Dieu qu’il est grand, il est plus grand mort que vivant.». À
écouter les pleureuses médiatiques, il est facile de se convaincre que
le «p’tit gars de Baie-Comeau» est «plus grand mort que vivant».
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