«De
nouveaux timbres en l’honneur de trois féministes québécoises qui ont
joué un rôle important dans la lutte pour l’égalité etla justice sociale
seront dévoilés lundi prochain par Postes Canada.» ( Trois féministes
québécoises seront honorées sur un timbre, La Presse, 21
août). Voilà un bel exemple de titre qui ne dit pas tout, et qui,
surtout, trompera le lecteur ne souhaitant pas aller plus loin. Bel
exemple aussi de détournement d’un mot à des fins politiques. S’il est
vrai que les trois femmes ainsi honorées furent bien des féministes,
elles ne furent pas que cela, du moins pour deux d’entre elles.
Ces
trois femmes sont Léa Roback, Madeleine Parent et Simone
Monet-Chartrand. La première, si l’on se fie à sa fiche Wikipédia,
lecture à compléter par celle de sa biographie sur le site de la
Fondation Léa-Roback, devient membre du Parti communiste du Québec dès
1929, en 1934, elle séjourne pendant quelques mois en Union soviétique.
De retour à Montréal, elle ouvre en 1935, Modern Book Shop, rue
Bleury, la première libraire marxiste de Montréal, en 1943, elle est
organisatrice politique pour la campagne électorale de Fred Rose. Ce
dernier est élu à la Chambre des communes dans la circonscription de
Cartier sous l’étiquette du Parti ouvrier progressiste, étiquette
choisie par le parti communiste du Canada depuis sa dissolution par le
gouvernement canadien en 1941, Fred Rose, demeure à ce jour, le seul
député communiste jamais élu à la Chambre des communes.
Madeleine
Parent a d’abord fait carrière comme syndicaliste surtout au sein des
Ouvriers unis du textile d’Amérique(OUTA). En 1952, Kent Rowley (alors
compagnon de Madeleine Parent) et sa future épouse, Madeleine Parent,
sont congédiés par les OUTA en raison de leurs présumés liens avec le
communisme ,liens qui n’auraient pas existé, sans être communiste, il
n’est probablement exagéré de considérer que dans le contexte de
l’époque, Madeleine Parent est à tout le moins une gauchiste résolue.
Simone Monet-Chartrand, pour sa part n’a pas besoin de présentation,
Nous
sommes loin on le voit des Thérèse Casgrain (honorée par un timbre en
1985), Idola Saint-Jean (honorée, elle, en 1981 et Claire Kirland
Casgrain (La première femme ministre au Québec, attend son tour).
Si l’on veut se souvenir que Norman Béthune, le médecin communiste bien
connu, mort en Chine en 1939, dans les rangs de l’armée de Mao Ze Dong a
eu droit lui aussi à son timbre en 1990. À ce rythme, tous les membres
du minuscule parti communiste du Québec des années 1930 finiront par
avoir leur timbre. il faut se demander pourquoi la Société des postes
s’arrête en si bonne voie, tant qu’à honorer Léa Roback, pourquoi ne pas
«courir la distance» et honorer aussi Fred Rose?
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