Il
y a des circonstances ou le messager prend le pas sur le message. C’est
le cas avec la nomination de Amira Elghabawy comme représentante
spéciale de la lutte contre l’islamophobie par le gouvernement Trudeau.
Le
ministre de la Diversité et de l’Inclusion, Ahmed Hussein, a annoncé
jeudi à Toronto la nomination d’Amira Elghawaby comme première
représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre
l’islamophobie […]. «Elle agira à titre de «porte-parole, conseillère,
experte et représentante dans les efforts du gouvernement fédéral pour
lutter contre l’islamophobie, le racisme systémique, la discrimination
raciale et l’intolérance religieuse» selon le communiqué émis par le
bureau du premier ministre. Le 11 juillet 2019, Mme Elghawaby dénonçait
l’islamophobie des Québécois dans une chronique publiée dans l’Ottawa Citizen. «Malheureusement,
la majorité des Québécois semblent influencés non par la primauté du
droit, mais par un sentiment antimusulman». L’article était consigné par
Bernie Farber, président du Réseau canadien anti-haine et ex-directeur
du Congrès juif canadien. Les deux auteurs s’opposent à la Loi sur la laïcité de l’État(«loi
21»), qui interdit le port de signes religieux aux employés de l’État
en position d’autorité , y compris les enseignants. Ils s’appuyaient sur
un sondage Léger réalisée en mai 2019 pour l’Association des études
canadiennes, selon lequel 88% des Québécois qui avaient une perception
négative d l’Islam appuyaient cette loi du gouvernementLegault.(Trudeau
nomme une militante qui dépeint les Québécois comme «antimusulmans», La Presse, 26 janvier)
Les déclarations de Mme Elghawaby ne sont pas passées inaperçues. Réactions à Québec, mais aussi à Ottawa.
Parmi
les réactions otaviennes, la plus surprenante est celle du ministre du
Patrimoine, Pablo Rodriguez, se déclarant: ««blessé et choqué comme
Québécois» par es propos tenus par Amira Elghawaby en 2019, au sujet de
la Loi sur la laïcité de l’état.» (Amira Elghawaby clarifie ses propos
sur un présumé sentiment anti musulman au Québec, Radio-Canada,
27 janvier). «Blessé et choqué», Pablo Rodriguez se découvrirait-il sur
le tard, une corde sensible québécoise? La surprenante réaction de
Pablo Rodriguez montre que la nomination d’Amira Elghawaby n’est pas une
nomination du gouvernement Trudeau, mais de Justin Trudeau lui-même,
s’il s’agissait d’une nomination du gouvernement Trudeau, le lieutenant
politique de Justin Trudeau au Québec aurait-il eu cette réaction?De là à
conclure que Pablo n’est qu’un homme de paille ou une mitaine pour être
de saison il n’y a qu’un pas. Le centre du pouvoir du gouvernement
Trudeau passe-t-il par un axe Justin Trudeau Ahmed Hussein? Nous sommes
tentés de le croire.
À
Québec, c’est sans surprise que la Coalition Avenir Québec (CAQ) s’est
insurgée contre la nomination de Mme Elghawaby, réclamant sa démission
par la bouche du ministre de la laïcité, Jean-François Roberge. Pour le
Parti québécois, «C’est une évidence q’elle doit quitter, a pour sa
part tranché le député péquiste PascalBérubé . C’et une évidence que ce
qu’elle a dit est une hérésie. Je ne lui demanderas de quitter. Je nous
demande de quitter ce pays-là» a-t-il conclu.» (Marc Tanguay rabroue
l’une de ses députées, La Presse, 31 janvier). Les
«souverainistes» de Québec solidaire, maintiennent le flou :«De son
côté, QS a condamné les propos de Mme Elghabawy et a demandé une
rencontre avec elle «C’est la manière raisonnée d’agir, parce que ses
propos sont blessants»a dit le chef parlementaire Gabriel Nadeau-Dubois
en mêlée de presse mardi matin.» libre à Gabriel-Dubois de croire que
nous en sommes à l’heure de la «manière raisonnable». Les libéraux
Parti libéral du Québec (PLQ) y sont allés d’un couac de belle taille
grâce à un tweet de Jennifer Maccarone (Députée de
Westmount-Saint-Louis), cette dernière écrivant «que la CAQ démontre
encore une fois une rigidité sans nom et un manque d’humanité en ne
soutenant pas la nomination Mme Elghawaby.» Couac visiblement peu
apprécié par le chef intérimaire du PLQ, Marc Tanguay qui s’est empressé
de rabrouer Mme Maccarone.
Dans
le cas d’Amira Elghawaby, la messagère est le message. Elle annonce
immédiatement et sans ambiguïté, la couleur. Les photos de Mme Elghawaby
utilisées par la presse écrite, la montre toutes la tête couverte d’un
hidjab. En fait, Me Elghawaby n’est pas une messagère, mais une
déclaration de guerre. Le gouvernement Legault peut demander la
démission d’Amira Elghawaby, ou sa démotion par le gouvernement Trudeau,
parions qu’elle demeurera en poste, son travail est fait.
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