Une Assiette à la fois
Publication et débats autour
du nouveau Guide alimentaire canadien, controverses autour du gaspillage alimentaire.
Le magazine l'Actualité titre en page frontispice de son édition de Février 2019, La révolution végane
et en sous titre "Le procès de la viande ne fait que commencer". Au programme, réduction de notre consommation de viande rouge
(Peut-on manger sainement sans détruire la planète, La Presse, 20 janvier). La journaliste Daphné Cameron écrit: « Un groupe mandaté par la prestigieuse revue médicale
The Lancet, un groupe formé par une trentaine de sommités tente
depuis trois ans , d'établir comment nourrir 2,2 milliards d'humains de
plus tout en préservant les écosystèmes et en freinant les émissions de
gaz à effet de serre responsables
du réchauffement climatique. Ce n'est pas en Occident que ces campagnes
doivent être menées, ce n'est pas l'Occident avec ces taux de natalités
anémiques qui contribuera de façon significative à ces milliards
d'humains supplémentaires. Après une série de calculs
complexes, Les sommités de The Lancet ont accouché d'un guide concret qui recommande au gramme près les portions à consommer quotidiennement.
Ils ont accouché d'un guide concret qui recommande au gramme près
les portions à consommer quotidiennement pour chaque type d'aliments.
Nous pouvons rire aujourd'hui des récits et des films de science-fiction
des années 1950 qui annonçaient une ère de repas
de pilules. Nous en sommes peut-être plus près que l'on pense: " ce
guide concret qui calcule au gramme près les portions à consommer
quotidiennement pour chaque type d'éléments », n'annonce-t-il pas la fin
des gastronomies nationales et des terroirs, les
artisans du ragoût de pattes et du cassoulet devront-ils envisager le
passage dans un éventuel dans un maquis culinaire.
Essentiellement, la consommation
mondiale de fruits, de légumes, de légumineuses et de noix devra être
haussée, tandis que la consommation de viande rouge et de sucre ajouté
devra diminuer radicalement. En entrevue
à La Presse, la nutritionniste Hélène Laurendeau, cette dernière
déclare: «que c'est la première fois que la question environnementale
est intégrée dans les recommandations nutritionnelles. » Ça va être une
révolution alimentaire qu'il va falloir
mettre de l'avant ici et certainement ailleurs en Amérique du Nord. ».
Difficile de ne pas voir dans cette remarque une pointe contre le monde
blanc grand consommateur de viande rouge. Cette croisade, Menace
clairement nos libertés. Dans ces contributions
calculées au gramme près afin de respecter environnement et nutrition,
difficile de ne pas voir
Big Brother aux fourneaux. La rencontre de ces deux vaches
sacrées contemporaines, Les préoccupations environnementales et
l'alimentation. Il est clair que nous ne sommes pas confrontés à un
débat simplement nutritionnel ou diététique, mais
à un vrai conflit idéologique, L'Actualité écrit: »Le
véganisme n'est pas un simple régime alimentaire. C'est un mouvement
social et politique. » un chercheur consciencieux y trouverait
probablement aussi des aspects spirituels.
Bien que relativement jeune le
véganisme (à ne pas confondre avec le végétarianisme) n'est pas dépourvu
de fondements philosophiques cohérents. Ce fondement, c'est
l'antispécisme (abordé rapidement dans le numéro d'octobre
2018 du Harfang sous le titre « avant le spécisme ». Ce courant
de pensée voulant qu'il faille ne pas considérer l'espèce auquel
appartient un animal (incluant l'homme) pour justifier une hiérarchie ou
des différences de traitements, moral
ou juridique. Apparu aux États-Unis en 1975 avec la publication de
La libération animale de Peter Singer. Pour Singer, les choses sont
simples, puisque les animaux souffrent, ils ont des droits. Nous aurions
tort le tout pour une aimable plaisanterie et ne pas tenir compte des
progrès éventuels de l'antispécisme et de
l'influence qu'il pourrait acquérir. La théorie du genre, née des gender studies
développées dans certaines universités américaines sans les années
1960 et 1970, s'est répandue par la suite comme un feu de broussailles,
on peut en mesurer
l'influence aujourd'hui, on peut aussi constater sa malheureuse
diffusion. Certains lecteurs pourront nos objecter que les animaux n'ont
pas de conscience que dès lors, la supériorité de l'homme est établie.
Les antispécistes contournent le problème et évoque
plutôt , la « sentience » c'est à dire la capacité pour un animal à
ressentir une douleur physique ou un émotion psychique. La page
d'accueil de l'une des associations antispécistes françaises (269 Life
France, 269 Life est une association internationale)
est explicite. Il y est écrit :» Les autres espèces ne sont pas des
numéros sans visage, ils existent à la première personne. Ils ne sont
pas « du poulet », « du cochon » ou « du poisson », mais chacun d'entre
eux est un être unique ayant des intérêts propres.
(la suite est encore plus intéressante): «Le rejet de la discrimination
par l'espèce (spécisme) est un impératif même titre que le rejet du
racisme ou du sexisme. » Pour demeurer dans cette logique, certains
militants végans assimilent la production de viande
à un crime de masse comme la Shoah. «Sur le plateau de Thierry
Ardisson, Solveig Halloin, la porte-parole du collectif Boucherie
Abolition, compare la consommation de viande à l'Holocauste - et même un
« holocauste »: programmé dès la naissance. («Derrière
le militantisme végan, la puissante idéologie antispéciste», Le Figaro, 1er décembre)
En France, les manifestations
antispécistes ont d'abord pris la forme de manifestations symboliques
avec militants couverts de sang mimant des animaux conduits à
l'abattoir, certains antispécistes radicaux se sont même
faits marqués au fer rouge (vidéos disponibles sur Youtube).
L'activisme antispéciste a grimpé d'un cran au cours de l'été 2018 avec
dégradations et vandalisme contre des boucheries, poissonneries,
charcuteries, rôtisseries (déversement de sang contre les
façades et pavés lancés dans les vitrines de ces commerces,
« Antispécisme à Lille, les actes de vandalisme de commerces de viande
se multiplient »,
Le Monde , 29 juin 2018). Au Québec, nous en sommes encore à des manifestations somme toute bénignes, Affiches du spectacle équestre
Cavalia couvertes de graffiti disant « Spécistes cessons
d'opprimer » et manifestations à Granby fin juillet 2018 avec des
manifestants portant des pancartes représentants des animaux avec
« prisonniers à vie » comme message.
Pour paraphraser une formule bien
connue, nous pourrions dire: »tout le véganisme n'est pas spéciste, mais
tout le spécisme est véganiste. »
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