Sunday, January 6, 2019

Le meilleur des mondes...

Il faudra, au Québec, se faire à l'idée que nous sommes entrés dans l'ère post-Slav ou post-Kanata à chacun de choisir. 
Le monde de la création artistique n'est plus régi par le talent ou l'imagination des créateurs ou le goût des spectateurs, mais par les diktats de minorités culturelles, mais surtout ethniques ou raciales.  Dernière manifestation de cette ère post-Kanata, des réactions au Bye Bye 2018,(Trudeau à Bollywood scinde l'opinion, Le Devoir, 5 janvier ), objet de cette manifestation un sketch de la dernière édition du Bye Bye, sketch revenant sur le voyage en Inde de Justin Trudeau et qui «montre, le premier ministre fumant de la marijuana pour se détendre pour se détendre avec ses conseillers  sur des enjeux tendus , Trudeau est transporté sur un plancher de danse du type Bollywood sur une musique indienne, ou l'on montre ensuite deux vaches - double symbole de la vache sacrée indienne et du conflit du lait avec les États-unis. » Sketch Facile et prévisible après l'abus de costumes nationaux par Justin Trudeau et sa famille lors de ce voyage. 
Le mouvement n'aura pas le retentissement des manifestations devant le Théâtre du Nouveau-monde, mais la voie est tracée. Il se limite pour l'instant à une entrevue au Devoir. « Interrogé par le Devoir, le directeur artistique du théâtre Teesri Duniya, Rahul Varma s'est dit en colère et a jugé le sketch hautement offensant. « Je ne dirais pas que c'est du racisme en soi, mais est-ce que ça ne vient pas d'une façon raciste de penser? Oui statue le créateur né en Inde. «Comme auteur ou comme concepteur , on attend de toi que tu sois meilleur. Particulièrement si tu ne parles pas de ta communauté. Il faut faire un meilleur travail pour mieux les représenter, tu ne peux pas juste utiliser les clichés visuels et dire que c'est une blague. » Anecdotique, la déclaration de Rahul Varma n'en contient pas moins tout l'esprit de la logique post-Kanata. Prudent, l'homme ne taxe pas Radio-Canada de racisme, pourquoi accuser lorsqu'il suffit de sous-entendre et de parler « d'une façon raciste de penser». Toute la logique post-Kanata est contenue dans son «Particulièrement si tu ne parles pas de ta communauté.» 
Alors, Pas d'Illiade, Homère n'étant pas Troyen et pas de Shylock, Shakespeare n'étant pas juif.  Rahul Varma se fait ici le chantre de cultures vivant en silo, culture s'ignorant superbement les unes les autres au nom d'un soit-disant respect qui est surtout une indifférence ne disant pas son nom. Une vision multiculturelle avec des cultures et des communautés superposées. Il n'est inintéressant de savoir que Teesri Duniya signifie Tiers Monde en Hindi. Pour le périodique de gauche Alternatives: «Aujourd'hui à la fois par son travail de création  et d'administration, la compagnie promeut une vision multiculturelle et multiraciale du Canada » on comprendra donc mieux la générosité des organismes subventionnaires, en effet, Teesri Duniya est « proudly supported by » (dixit le site de la troupe)  par Le Conseil des arts de Montréal, le Conseil des arts et des lettres du Québec, le Conseil des arts du Canada, Patrimoine Canada, Emploi Québec et la Brian Bronfman Family Foundation.  Il faudrait peut-être un jour que les organismes subventionnaires commencent à s'interroger sur cette générosité à l'égard d'organismes tentés par la censure. Il faudra peut-être un jour priver certains organismes et leurs animateurs de subventions au nom de la liberté de création artistique.  
L'esprit post-Kanata n'a pas encore gagné tous les intervenants communautaires, ainsi sur le même sketch, le président du Centre culturel Kabir, T.K. Raghunathan qui organise à Montréal plusieurs évènements liés à la culture indienne et de l'Asie du Sud considère que le clip du Bye Bye n'est pas choquant: « je pense que c'est quelque chose dont on peut rire , Ce n'est peut-être la meilleure vidéo du point de vue , comment dirais-je, du goût, mais ça n'a rien à voir avec les sensibilités des Indiens ou de la diaspora . Je pense qu'on perd son sens de l'humour en critiquant si rapidement. » Deux points de vue diamétralement opposés sur le même sujet.  T.k. Raghunathan a le sens de la mesure et le sens de l'humour, ce qui fait visiblement défaut à Rahul Varma. Nous devrons aussi réaliser qu'il deviendra de plus en plus difficile de rire et faire rire dans une société multiculturelle.

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