Sunday, July 6, 2025

La prochaine guerre

 



Les Canadiens ont appris aujourd’hui (10 juin) que le coût d’acquisition des F35 censés remplacer la flotte de F18 veillissants des Forces Armées canadiennes a explosé: «Le coût de la nouvelle flotte d’avions de chasse F35 a déjà augmenté de plus de 45% depuis la conclusion en 2022 d’un nouvel accord par le gouvernement fédéral pour en faire l’acquisition. La facture est passée de 19 milliards à 27,7 milliards, constate la vérificatrice générale, Karen Hogan , dans l’un des quatre rapports déposés mardi.»( Les F-35 coûterons plus de 45% plus cher, La Presse, 10 juin) Le gouvernement Trudeau avait annoncé l’achat de 88 avions furtifs F-35 au début de 2023 pour remplacer la flotte vieillissante des CF-18 […] l’acquisition des F-35 est une véritable saga qui dure depuis quinze ans. Un processus avait été lancé par les conservateurs sous Stephen Harper, puis annulé par le premier ministre libéral Justin Trudeau après son élection en 2015. Or peu de temps, après son arrivée en poste à la mi-mars, le premier ministre Mark Carney a lancé une révision de l’accord conclu avec le gouvernement des États-Unis et les constructeurs Lockheed Martin\Pratt & Whitney en raison des tensions avec l’administration Trump. l‘argent a déjà été versé pour 16 avions , mais Ottawa pourrait par la suite se tourner vers des constructeurs européens. Proposition intéressante, mais il est peu probable que le Canada s’engage dans cette voie en raison de notre appartenance au NORAD(cette appartenance semblant nous condamner à nous satisfaire d’équipements américains. Si le gouvernement Carney démontrait suffisamment de volonté politique pour nous sortir de cette dépendance aux avionneurs américains, des alternatives intéressantes pourrait s’offrir à nous: il suffit ici de penser au Rafale de Dassault Aviation, au Grippen suédois de Saab, à l’Eurofighter Typhoon (Produit d’un consortium européen comptant Airbus , BAE et Eurofighter jagdflugzeug) (les trois appareils sont omnirôles et pourrait donc répondre aux besoins variés de l’Aviation Royale Canadienne (l’ARC). Autre avantage de ces trois appareils, ils sont tous actuellement opérationnels et ont fait leurs preuves contrairement au F35 qui semble souffrir encore de nombreux problèmes de jeunesse(manque de puissance, insuffisance du système de refroidissement entraînant des problèmes de surchauffe du moteur réduisant la durée de vie de ce dernier, imprécision du canon de 25 mm)[…] Le chef conservateur, Pierre Poilievre , attend le rapport qui doit être rendu public durant l’ut avant de prendre position. «Évidemment, on a besoin des avions de chasse, c’est sûr, a-t-il reconnu en point de presse. On ne peut pas avoir d’autres délais. On ne peut pas avoir d’autres coûts supplémentaires.» le Bloc québécois est peu favorable à un changement de constructeur.

Seul le Nouveau parti démocratique presse le gouvernement de déchirer l’accord signé avec les Américains .«Il faut abandonner ce programme là , qui est trop coûteux et qui met en cause notre souveraineté», a tranché son leader parlementaire, Alexandre Boulerice.»





Il faut s’inscrire en faux contre l’affirmation du chef du parti conservateur, Pierre Poilievre voulant que: «Évidemment, on a besoin des avions de chasse, c’est sûr[…]»Hors justement, rien n’est moins sûr M. Poilievre. Les combats en Ukraine constituent un véritable laboratoire de ce que pourrait être la «supériorité aérienne» des prochaines années. Entre drones et missiles, il apparaît de plus en plus clair qu’il n’y aura plus à l’avenir de Grand cirque à la Pierre Clostermann et que nous ne reverrons pas d’affrontements «à la Bataille d’Angleterre» avec des centaines d’appareils de combat sillonnant le ciel. C’est à coups de drones et de missiles que Russes et Ukrainiens se sont échangés plaies et horions depuis 2020. Si l’on se fie aux informations diffusées par la grande presse depuis le début du conflit.

Il semble que toute l’aventure du remplacement de nos F18 se résumera malheureusement à un débat sur les coûts et les délais. Le remplacement de nos F18 devrait être le prétexte à une discussion beaucoup plus large sur la nouvelle nature de ce qu’il faut appeler la «supériorité aérienne». L’impression qui se dégage du conflit russo-Ukrainien est que toute la question de la «supériorité aérienne» est en profonde mutation. 

Je suis convaincu que nos militaires de l’ARC ont constaté et réfléchi à cette mutation. Devisant sur cette affaire, un moderne Molière déclarerait probablement: qu’allons-nous faire dans cette galère? L’acquisition des F35 n’est pas depuis longtemps une question militaire, elle est depuis le début une histoire politico-militaire et depuis le retour de Donald Trump à la Maison blanche, une affaire politico-politique. L’un des argument du locataire de la Maison blanche pour «mousser»son projet de 51e État étant que nous serions mieux défendus si nous faisions partie de la Fédération américaine. Réagissant au quart de tour, le gouvernement Carney se précipite dans le piège tendu par Donald Trump, les prétentions canadiennes à défendre le pays, non pour répondre aux inquiétudes des Canadiens sur la question, mais pour prouver à Donald Trump que nous entendons faire notre part dans la défense du continent, quitte à être «en retard d’une guerre». Les Américains, pour leur part, semblent avoir déjà pris la mesure de cette mutation de cette «supériorité aérienne» évoquée plus haut. À l’heure des drones et des missiles, ils semblent, eux, être prêts à passer à l’heure du «dôme d’Or». Avant que cette mutation ne soit définitive, l’administration américaine, Donald Trump en tête, souhaiterons probablement faire un bilan exhaustif de l’efficacité du «Dôme de fer» suite au conflit Israël-Iran.

Avec nos F35, débourserons-nous 27,7 milliards de dollars pour être «en retard d’une guerre»? Et ne pas être pour la prochaine guerre?

No comments:

Post a Comment