Saturday, March 15, 2025

Toponymie en folie

 


Dans la foulée de l’adoption de la Loi 21 et du retrait du crucifix du Salon bleu de l’Assemblée nationale, il s’était trouvé certains Québécois tenants d’un laïcisme radical pour souhaiter l’abolition de la croix du Mont-Royal. De même, participant du même zèle laïciste, ils s’en étaient trouvé pour regretter la croix blanche ornant le fleurdelisé. À ce moment, je me souviens avoir pensé que ces voeux formulés par quelques fanatiques de la laïcité avaient peu de chances de se réaliser un jour. 

J’en suis aujourd’hui moins convaincu.  

« Laïcité oblige, les symboles religieux et les références à la religion ne disparaissent pas seulement  de l’accoutrement des profs, mais aussi progressivement du nom des écoles. Au diable Saint-Louis, Saint-Roch ou Notre-Dame-de-Roc Amadour. Les noms des établissements scolaires sont peu à peu remplacés par des appellations inspirées de la nature, de la faune ou de la situation géographique. La porte-parole du Centre de services scolaires (CSS) de la Capitale, Jade Thibodeau, explique que certains milieux souhaitaient rendre la dénomination de leurs écoles plus «neutres». Mais ce mouvement est antérieur à la loi 21. Une volonté de remodeler le paysage toponymique québécois à rapprocher de l’intention de la Société de transport de Montréal,  de doter les Montréalais et Montréalaises d’un réseau de métro de Montréal à la toponymie «inclusive et féministe»(Voir ce blogue, Woke sur toute la ligne, 11 mars. Ce CSS de la région de Québec s’est doté d’un encadrement pour mener à bien le processus de changement de nom. Ce qui a permis à l’école Saint-Roch d’être rebaptisée l’École des Berges, à l’établissement Chanoine-Côté de devenir l’école Sans-Frontière et à l’école Notre-Dame-de-Roc Amadour d’être renommée l’école secondaire de la Cité. Exit les figures emblématiques de l’héritage catholique ‘ici et d’ailleurs. 

 


 

 

Notons toutefois qu’il n’est pas questionné de la religion dans les critères à respecter ou à éviter pour modifier l’appellation d’un établissement d’enseignement. Mais le conseil d’établissement doit faire valider sa décision auprès de la Commission de toponymie et du ministère de l’Éducation. La nouvelle dénomination doit notamment favoriser un sentiment d’appartenance et avoir un caractère signifiant, positif et de pérennité.[…] C’est ainsi que les nouveaux établissements scolaires du coin inaugurés récemment ont opté pour des noms plus «neutres», comme l’école des explorateurs, de la Myriade , de l’Étoile -du-Nord et Stadacona. Et le CSS de la Capitale n’est pas le seul. Plusieurs de ces pairs ont fait de même. À Montréal, l’école Saint-Louis située dans le Mile-End, connue pour son programme arts-études en art dramatique , se nomme désormais l’école Robert-Gravel, en l’honneur de l’homme de théâtre québécois. L’École des Monarques a aussi remplacé les établissements Saint-Jean-Vianney et Marie-Rollet. Plus récemment, l’établissement Saint-Louis-de-Gonzague a troqué son nom inspiré du jésuite d’origine italienne pour celui de l’école pour celui de l’école Jean-Paul Riopelle. C’est là que l’artiste québécois a été initié à la peinture.»(Laïcité: des écoles débaptisées, Journal de Montréal, 11 mars)

Ceux qui pouvaient s’alarmer et craindre la disparition pièce par pièce du patrimoine religieux religieux du Québec peuvent se rassurer et respirer. Le patrimoine religieux du Québec a trouvé un héraut:«Le ministre Bernard Drainville préférerait quelles écoles du Québec conservent leur nom historique lié au patrimoine religieux, même si la décision revient aux centres de services scolaires et conseils d’établissements. La laïcité de l’État et des écoles n’est «absolument» pas contradictoire avec la préservation de notre histoire, fait-on valoir au cabinet du ministre de l’Éducation. «On peut affirmer notre laïcité tout en affirmant notre parcours historique», plaide-t-on. […] Pourtant rien dans la loi 21 n’oblige les établissements à modifier leur dénomination. «Au contraire, notre parcours historique et notre patrimoine incluant les figures emblématiques et les références toponymiques, peuvent être protégés et la loi permet de préserver leurs noms », insiste l’équipe de Bernard Drainville.[…] En effet, la législation interdit aux enseignants de porters signes religieux et affirme la laïcité de l’État québécois. Mais un article permet aux institutions comme les écoles de conserver leur nom d’origine de même que les symboles religieux qui ornent leurs bâtiments depuis des lustres. Le ministres s’en remet toutefois aux principaux concernés pour faire le bon choix.»Maintenant, et même si ce n’est pas notre préférence, ces décisions sont prises localement en vertu des responsabilités conférées aux conseils d’établissement et aux centres de services scolaires»(Le passé religieux effacé: Drainville préfère que les écoles conservent leur nom d’origine, Journal de Montréal, 13 mars)

C’est là que le bat blesse; il suffira qu’un conseil d’établissement soit «tenu» par un noyau résolument laïciste et s’engouffre dans la porte béante «des décisions prises localement» pour qu’une école répondant au nom de «Sacré-Coeur» ou de «Saint-Esprit» depuis des lunes ne se transforme en vulgaire école des Quatre-vents ou en école des Quatre Points cardinaux. Combien de temps avant que le Collège Jean-de-Brébeuf à Montréal ne devienne le collège Justin Trudeau (transformation interdite pour l’instant car Justin Trudeau est toujours vivant).

Combien de temps avant que le collège Regina Assumpta dans le nord dela ville de Montréal ne se transforme en collège Mélanie Joly. (elle-même une ancienne étudiante de Regina Assumpta)? (transformation interdite pour l’instant car Mme Joly est toujours de ce monde).

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